Liste Appel à projets

INFORMATIONS GENERALES

Titre du projet :

Vieilles bobines et techniques oubliées de l’anthropologie visuelle : essai d’archéologie expérimentale

Porteur·es de projet
Porteur·e :

LARCHER Jonathan

Courrier électronique :

larcherj@hotmail.fr

Adresse :

6, rue des cités. 93300 Aubervilliers

Téléphone :

0687443953

Statut :

MCF

Institution du porteur·se du projet :

Université Paris Nanterre (UPN)

Unité de recherche associée : EA 4414 Histoire des arts et des représentations HAR – UPN

CV du porteur·se de projet :

LARCHER__CV-court_2024_07.pdf

Biographie du porteur·se de projet :

LARCHER_Jonathan_biographie.pdf

INSTITUTIONS PARTENAIRES D’ARTEC
Institution partenaire Laboratoire Lettre d’engagement
Université Paris Nanterre (UPN) EA 4414 Histoire des arts et des représentations HAR – UPN Lettre_Har_ethnographies_vieilles_bobines.pdf

Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Lettre-soutien-Projet-ArTec.-Buob.-Lesc-1.pdf

AUTRES INSTITUTIONS
Type d’institution Détails Lettre d’engagement
Unité d’appui et de recherche (MSH MONDES unité d’appui et de recherche UAR 3225)

La MSH Mondes (unité d’appui et de recherche – UAR 3225), dont les tutelles sont le CNRS, L’Université de Paris Nanterre et l’Université Panthéon Sorbonne, est partenaire du projet via le Studio expérimental d’archéologie


Institutions étrangères

Master degree program in Visual Anthropology, Department Social Science, UiT – The Arctic University of Norway, Tromsø


COLLABORATEURS·RICES
NOM et Prénom Institution – Statut
BUOB Baptiste chargé de recherche au CNRS, Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (Lesc, UMR 7186)
Statut : Chercheur
GERGAUD Sophie directrice artistique du Festival “Ciné Alter’Natif”
Statut : Chercheuse indépendante, traductrice et programmatrice
GLASSON DESCHAUMES Ghislaine MSH Mondes (UAR 3225 – CNRS, Université Paris Nanterre, Université Paris1 Panthéon-Sorbonne)
Statut : directrice de la MSH Mondes
HOLTEDAHL Lisbet Department of Social Sciences, UiT – The Arctic University of Norway, Tromsø
Statut : PR émérite
MOTTIER Damien Institut des Mondes Africains (UMR 8171), Ecole Pratique des Hautes Etudes
Statut : MCF
WAAGE Trond epartment of Social Sciences, UiT – The Arctic University of Norway, Tromsø
Statut : PR
BIDOU Louis Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (Lesc, UMR 7186), Université Paris Nanterre
Statut : Doctorant
NIETO Agathe Histoire des arts et des représentations (EA 4414), Université Paris Nanterre
Statut : Doctorant
PIQUERAS Assia Casa de Velazquez, Madrid
Statut : Cinéaste, monteuse et candidate à un contrat doctoral
DESCRIPTION DU PROJET
Dans quel axe scientifique votre projet s’insère-t-il ?
  • La création comme activité de recherche
  • Technologies et médiations humaines

Contexte du projet
  • Quelle est la durée du projet : 1 AN

Résumé court du projet

Dans une approche croisant archéologie expérimentale des médias et recherche-création, ce projet se propose de revisiter des archives et des “restes” de l’anthropologie visuelle. Il s’agit plus spécifiquement de considérer des corpus d’images et de films, ainsi que des carnets et des outils, de deux chercheuses, qui ont oeuvré, l’une en France, l’autre en Norvège, lors d’une période charnière, à l’établissement des fondations de l’anthropologie visuelle européenne. Ce moment, celui de l’arrivée de la vidéo analogique dans les années 1970, correspond à une période d’intense inventivité technique guidée par la recherche de nouveaux formats d’enregistrement. Ces innovations se sont accompagnées de diverses expérimentations, tant en termes de méthodes que de modalités d’apprentissage. Ce faisant, ce projet entend explorer une période oubliée par une discipline davantage engagée dans la quête permanente de nouveaux modes d’écriture que dans la revisite de son passé.

Présentation du projet scientifique
  1. Figures fondatrices et techniques oubliées de l’anthropologie visuelle

Dans les années 1960, l’ethnologue-cinéaste Jean Rouch, figure de premier plan de l’histoire de l’anthropologie visuelle, forme deux étudiantes à la prise de vues cinématographiques au sein du musée de l’Homme : Claudine de France (1937-2023) et Lisbet Holtedahl (née en 1946). Toutes deux vont devenir des actrices importantes de l’anthropologie visuelle, connaissant des parcours comparables. La première, cinéaste et théoricienne, deviendra une cheville ouvrière de réflexions et de formations pionnières qui permettront de guider les esprits et les regards d’une multitude de chercheurs-cinéastes de tous horizons. Le master « Cinéma documentaire et anthropologie visuelle » de l’université Paris Nanterre est l’héritier direct de son travail d’institutionnalisation de la discipline entamé au début des années 1970. Lisbet Holtedahl mène quant à elle ses premières enquêtes ethnofilmiques au sud-est du Niger avant de s’installer à Tromso, en Norvège en 1971. Là, elle œuvre également à l’institutionnalisation de l’anthropologie visuelle et finit par créer un master, en 1997, au sein de l’université Arctique de Norvège. Depuis lors, une multitude d’étudiants, d’Europe et du Sahel, y ont été formés à la pratique de l’enquête ethnographique caméra en main.

Du parcours de ces deux femmes, qui d’ailleurs se connaissaient bien, il demeure aujourd’hui des écrits et des films, ainsi que des espaces d’apprentissage à la pratique filmique toujours actifs. Mais il existe également des archives, scientifiques et institutionnelles, ainsi que divers  “restes”, autrement dit des bandes magnétiques, audio et vidéo, des bobines super 8 et du matériel de prises de vues et de sons. C’est sur ces corpus et cet ensemble matériel que s’appuie notre projet : il s’agira d’étudier ces images et leurs soubassements techniques pour comprendre les parcours et les cheminements intellectuels de ces deux femmes que l’histoire tend à évacuer au profit d’autres figures de la discipline, d’ailleurs pour la plupart masculines. 

Ce projet vise donc à poser de nouveaux jalons d’une histoire comparative et multi-située de l’anthropologie visuelle en partant de l’étude des “gestes de métier” de ces deux chercheuses – leurs façons de filmer et d’utiliser les images – à partir de l’étude des “restes” de leurs pratiques (films, objets, outils, pratiques). Porté par des chercheurs ayant en commun d’avoir été formés et/ou d’enseigner dans les espaces qu’elles ont créés (Baptiste Buob, Damien Mottier, Jonathan Larcher à l’UPN ; Trond Waage à l’UiT), ce projet associera une recherche classique en histoire des sciences à une approche croisant recherche-création et archéologie expérimentale du contemporain et des “restes” (Debary, 2019 ; Jucan, Parikka, Schneider, 2018).

 

  1. Archéologie expérimentale du proche

Avec pour principal objectif  de “revisiter” des bandes magnétiques et des bobines Super 8 réalisées par Holtedahl, de France et leurs équipes, ce projet se fera au contact direct des anciens matériaux et des caméras (“hands on”). Il s’agira ainsi d’adopter une pratique des techniques cinématographiques dans une perspective relevant de l’archéologie expérimentale des médias (Fickers & van den Oever, 2014). Le travail collectif se nourrira notamment de la méthode d’apprentissage des « techniques corporelles de tournage à la main » (la ciné-gym), module d’enseignement central de la pédagogie nanterroise (Buob, 2020).

Une première étape consistera à visionner et numériser les vieilles bobines (celles n’ayant pas fait “film” et ayant pourtant joué un rôle important dans le cheminement des chercheuses) avec le soutien du Studio expérimental d’archéologie des médias (Steam), pôle transversal de la MSH Mondes cofondé par deux membres de l’équipe du présent projet (Jonathan Larcher et Baptiste Buob) ; lieu de recherche, de création et de formation centré sur l’étude, le traitement et la remédiation d’images enregistrées sur des supports analogiques et proto-numériques, le Steam possède de nombreuses machines capables de lire une grande diversité de formats vidéo et audio sur bandes magnétiques (et quelques formats argentiques).

Dans un second temps, il s’agira de prendre en main les instruments d’enregistrement eux-mêmes (caméra ¼ pouce vidéo Akai VT 100, caméra Super 8, enregistreur Nagra) afin de refilmer des situations proches de celles représentées dans les “vieilles bobines”. Ces mises en situations serviront à s’approcher de l’expérience originelle d’usage de ces techniques afin de retraverser, par le corps, le processus d’élaboration des méthodes de tournage ayant contribué à transformer la discipline ; une hypothèse centrale de ce travail est que le recours à la vidéo a permis de formaliser les méthodes où la caméra constitue un moyen de découverte des situations (démarche exploratoire) et non plus simplement un outil de restitution par l’image des résultats d’une enquête préalable.

Mise en oeuvre

Une histoire locale et européenne des ethnographies expérimentales

L’étude croisée de ces “restes” d’archives et des lieux de formation a aussi pour ambition d’engager une étude de long terme sur l’histoire des “ethnographies expérimentales” en Europe. A la croisée du film ethnographique et du cinéma expérimental, ces ethnographies sont souvent réduites à certaines figures d’un cinéma underground (Russell 1999), ou à des films documentaires qui inventent des dispositifs techniques pour se rapprocher de nos expériences sensibles. 

Pour lancer cette enquête historique, le présent projet dialoguera avec un autre projet, intitulé “Experimental Ethnography in Multimodal Anthropology”, déposé par Trond Waage en réponse à l’appel à projet du Centre universitaire de Norvège à Paris (montant demandé  20 000 €, réponse attendue en automne). Ce financement, s’il est obtenu, permettra d’organiser une première journée d’études en avril 2025, afin de réunir chercheurs et doctorants de l’UiT, de l’Université d’Aarhus (Danemark) et de l’UPN autour des pratiques contemporaines d’ethnographies expérimentales. Les doctorants Louis Bidou (Lesc) et Agathe Nieto (HAR/ArTeC) sont parties prenantes de ce projet.

Le financement conjoint des deux projets permettra de mettre en regard les outils, les images et les sons restés à la marge de la biographie de Claudine de France et de Lisbet Holtedahl avec de nouvelles enquêtes et expérimentations. Au mois d’avril 2025, la journée d’études, sera l’occasion de mettre en regard des dispositifs d’enregistrements numériques contemporains avec les premières techniques vidéo de l’anthropologie visuelle. 

 

Lancement du  Steam et échanges avec la BnF

L’expertise matérielle des “restes” des deux chercheuses, leur numérisation et le contrôle qualité des copies numériques produites se fera en plusieurs temps. Au début de l’année 2025, l’équipe du projet de recherche “Vieilles bobines”, qui réunit la porteuse et les co-porteurs du Steam (Ghislaine Glasson-Deschaumes, Baptiste Buob et Jonathan Larcher), travaillera à la numérisation des archives de Claudine de France en mettant à l’essai les bancs de numérisation installés à la MSH Mondes.

Le contrôle qualité des copies numériques sera l’occasion de prolonger les discussions déjà engagées avec Julie Guillaumot de la Bibliothèque nationale de France: les “restes” de l’archive personnelle de Claudine de France seront déposés à la BnF pour abonder un fonds déjà existant (450 films d’étudiants, réalisés à Nanterre entre le milieu des années 1970 et la fin des années 2010, ont déjà fait l’objet d’une numérisation : https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc1259784). Les équipes de la BnF feront aussi un premier retour sur le workflow du Steam proposant  quelques ajustements qui pourraient être utiles ou nécessaires. 

A l’automne 2025, un workshop , au contact des “restes” d’archives de Lisbet Holtedahl, en présence de plusieurs collègues norvégiens, permettra de restituer les savoirs acquis et de numériser le fonds norvégien. Pour l’équipe française du projet, ce sera l’occasion de présenter la première version d’un film composé avec les images de Claudine de France et de son équipe. Ce travail de montage sera effectué en dialogue avec la cinéaste et future doctorante Assia Piqueras et l’anthropologue et programmatrice Sophie Gergaud, toutes deux diplômées du master en anthropologie visuelle de l’UPN (Sophie Gergaud a même soutenu une thèse sous la direction d’Annie Comolli, proche collaboratrice de Claudine de France).  

 

Laveuses : Refilmer, re-signifier, recomposer

En 1970, Claudine de France s’est attachée à décrire les gestes de laveuses du village de Lignerolles, dans le Châtillonnais (Laveuses, 1970, 16mm). En reprenant en main ses outils, maintenant déposés au Steam, le workshop “re-filming”, réalisé avec l’équipe des chercheurs et doctorants français du projet (et probablement de spécialistes du spectacle vivant) aura pour ambition de comprendre la révolution technique et corporelle qu’a pu représenter le passage à la vidéo analogique. Pour cela, un ou deux courts terrains de recherche-création seront organisés dans le village de Lignerolles où se trouve toujours le lavoir filmé par Claudine de France. En plus de performer et filmer les gestes des laveuses du film avec une caméra Super 8, l’équipe utilisera une caméra en ¼ pouce vidéo et un enregistreur Nagra. En résonance avec les pratiques usuelles de l’archéologie expérimentale et les réflexions du projet Repit (projet du LabEx Les passés dans le présent porté par B. Buob et C. Triau), il s’agira de “rejouer” les gestes techniques de ces films en recourant aux outils de l’époque afin de nous plonger dans l’expérience concrète de cet âge particulier de l’anthropologie visuelle, et d’ouvrir ainsi une réflexion sur les dimensions proprement somatiques de ces pratiques, tout en imaginant quels sont les potentiels de ces formats de basse résolution pour une enquête ethnographique aujourd’hui.

DIFFUSION DES RESULTATS DE LA RECHERCHE
Publications

En l’état, la parution de deux articles est envisagée : un premier relevant de l’histoire de la discipline, présentera la façon dont ces deux femmes ont pratiqué des formes expérimentales d’ethnographie en recourant à l’instrumentation vidéographiques ; un second, davantage méthodologique, rendra compte de notre expérience d’archéologie expérimentale appliquée aux premières utilisations de la vidéo en anthropologie visuelle, à ses vertus et ses limites.
Naturellement ces textes seront de préférence publiés sur des plateformes en open access et mises à disposition sur la plateforme Hal.

Mais le projet vise aussi à réaliser plusieurs films. Deux films seront composés à partir des restes des archives de Claudine de France et de Lisbet Holtedahl (rushs, vidéos, photos…) ; le film concernant Holtedahl sera réalisé par l’équipe de Tromsø. Le workshop « Re-filming » aboutira également à la création d’un film, formant un rejeu du film Laveuses, réalisé en ¼ pouce vidéo, enregistrements sonores sur bandes magnétiques, et film Super 8. Ces films seront également accessibles, pouvant être déposés sur la plateforme ouverte Nakala, ou publiés dans la revue Journal of Anthropological Film.

Données

Grâce aux compétences des spécialistes de l’ingénierie documentaire de la MSH Mondes associés au Steam, les images seront numérisées, enrichies et conservées en suivant les principes du Fair (faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables) ; pour plus de détails, voir la lettre de soutien au projet de la direction de la MSH Mondes.

Ces images, comme d’autres “restes” de l’archive de Claudine de France, seront déposées à la Bnf et viendront abonder le “Fonds Université de Nanterre – Films de recherche en anthropologie visuelle et cinéma documentaire”, un fonds ouvert à la consultation (sur le site de la BnF à Tolbiac). Le traitement de ce fonds répondra de fait aux exigences de la BnF en termes d’archivage et d’enrichissement des données.

Valorisation

Le travail au sein du Studio expérimental d’archéologie des médias fera l’objet d’une vidéo présentant les étapes, les hypothèses de recherche et les matériaux de cette approche au contact des archives et des outils d’enregistrement  sur bandes magnétiques. Cette vidéo, en français et sous-titrée en anglais, aura vocation à être présentée sur les différents canaux de diffusion d’ArTeC et des partenaires. 

 

Les courts métrages réalisés à l’issue des différents workshops (que ce soient les  archives numérisées comme les tournages “rejoués” dans le village de Lignerolles pourront faire l’objet d’une diffusion en festival, que ce soit les festivals de films ethnographiques (le festival  international Jean Rouch qui depuis plusieurs années s’intéressent à l’histoire des formations en anthropologie visuelle en France et en Europe) ou des festivals de cinéma ethnographique.

PLANNING

BUDGET

ANNEXE(S)

MSH-Mondes-lettre-de-soutien20240929-1.pdf

15-21-38-872_2024-09-29_twa001@uit.no_.pdf

Lettre_Har_ethnographies_vieilles_bobines.pdf