DIU ArTeC+ 2022-2023

Programme du DIU ArTeC+ année 2022-23

 

IMAGINATION ARTIFICIELLE

(L’espace latent de la recherche-création)

 

Les pratiques artistiques sont troublées par l’intelligence artificielle (IA), tandis que les démarches de recherche hésitent entre la crainte d’une menace et les promesses de dépassement. D’un côté, un solutionnisme annonçant que la « créativité » sera remplacée par une machine toute puissance, ou que la « théorie » serait devenue obsolescente face à la force computationnelle brute des corrélations. De l’autre, on a de multiples critiques de cet arraisonnement par la raison calculante, réduisant toutes choses, dont l’artiste, à une variable, renforçant jusqu’à la caricature les biais de racialisation, de genre et de classe, anticipant les comportements et contrôlant le biopolitique, réalisant les récits de SF devenus matrices hyperstitionnelles. Dans les deux cas, on cherche à se faire rêver ou à se faire peur en construisant une autonomie de la machine qui répondrait en miroir à la construction du sujet moderne, dont l’artiste est une des incarnations.

Année de propédeutique au doctorat en recherche-création, le DIU ArTeC+ propose pour l’année 2022-2023, d’aborder l’IA d’une façon originale, comme objet et méthode de recherche-création, en l’expérimentant dans l’élaboration d’un projet artistique et dans l’écriture théorique de la recherche.

Le modèle avancé sera moins celui d’une autonomie fantasmatique d’une machine-artiste (dont l’angle mort est l’autonomie de l’artiste-humain) que celui d’une influence réciproque. Il s’agira d’inventer en acte une imagination (de l’) artificiel.le, dans la zone incertaine de l’anthropotechnologie où chacune est rendue sensible à l’autre. Nous proposerons aux participant.es d’explorer l’hypermnésie des données massives (big data) et d’influencer les réseaux de neurones récursifs, tout en étant influencé.e par eux dans leur procédure de production artistique et dans leur réflexion conceptuelle.

D’un point de vue technique, même si les spécialistes de l’IA seront les bienvenu.es, aucune connaissance préalable ne sera exigée des candidat.es, si ce n’est une capacité à se plonger dans cet océan de code, le désir d’essayer d’en décrypter les variables et l’ambition d’en démanteler la logique. Notre technique sera de bricolage, d’expérimentation et sera indissociable d’une déconstruction de l’esthétique par défaut de l’IA, de son caractère kitsch, surréaliste, psychédélique et onirique. On explorera aussi bien la génération d’images, de vidéos, de textes, de musiques, que de voix, de récits, de raisonnements ou de concepts.

Le DIU ArTeC+ aidera à l’élaboration des projets des participant.es, par des lectures, par un enseignement des méthodologies spécifiques à la recherche-création, par des rencontres avec des artistes, des théoricien.nes, des curateur.es et des critiques d’art proposant d’aborder de façon étendue, au-delà de la technique, les conséquences de l’induction statistique sur le statut de la vérité, de l’esthétique et de l’ontologie. Tous les profils artistiques et disciplinaires seront les bienvenus, dès lors que les candidat.es désirent se plonger dans l’espace latent de l’imagination artificielle.