Titre du projet :
Porteur·e :
LEVY Ophir |
Courrier électronique :
ophirlevy@yahoo.fr |
Adresse :
4 villa Gagliardini |
Téléphone :
0620448287 |
Statut :
MCF |
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Institution du porteur·se du projet :
Université Paris 8 (UP8) |
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CV du porteur·se de projet :
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Biographie du porteur·se de projet :
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Porteur·e :
PHAY Soko |
Courrier électronique :
soko.phay@gmail.com |
Adresse :
167 rue d’Épinay 95360 Montmagny |
Téléphone :
0614212709 |
Statut :
PR |
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Institution du porteur·se du projet :
Université Paris 8 (UP8) |
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CV du porteur·se de projet :
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Biographie du porteur·se de projet :
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Institution partenaire | Laboratoire | Lettre d’engagement |
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Université Paris Nanterre (UPN) | EA 4414 Histoire des arts et des représentations HAR – UPN | Lettre-dengagement-HAR.pdf |
Université Paris 8 (UP8) | EA 2302 Esthétique – UP8 | soutien-projet-Artec-Cambodge.pdf |
Type d’institution | Détails | Lettre d’engagement |
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Institutions culturelles |
Forum des images, Paris. |
NOM et Prénom | Institution – Statut |
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LEDOUX Aurélie | Université Nanterre – Laboratoire HAR Statut : MCF |
BAYARD Pierre | Université Paris 8 Statut : PR émérite |
- Les nouveaux modes d’écritures et de publications
- Quelle est la durée du projet : 1 AN
Le projet « Cambodge, les fantômes du génocide. Diaspora, postmémoire, création » vise à réfléchir, un demi-siècle après l’entrée des Khmers rouges à Phnom Penh, sur les effets que ce génocide, l’un des plus effacés de l’histoire du 20e siècle, continue d’exercer, non seulement sur les survivant.es, mais aussi sur la génération suivante, en particulier celle de la diaspora.
Comblant le vide scientifique sur ces questions et construit dans une perspective interdisciplinaire, il portera une attention privilégiée au rôle de l’art et de la littérature dans le travail d’élaboration du passé et s’articulera autour des concepts de post-mémoire, de post-exil et de transmission à rebours.
Il conduira à l’organisation d’un séminaire, d’un colloque international, de deux masterclasses, de projections-débats, d’une exposition et d’un site internet. Nous aurons pour partenaire le Forum des images, qui organisera un festival cinématographique consacré au génocide cambodgien (15/04 au 4/05/2025)
Ce projet entend interroger les effets que le génocide cambodgien continue d’exercer, non seulement sur les survivant.es, mais aussi sur la génération suivante, en particulier celle de la diaspora.
ÉTAT DE L’ART :
Il existe peu d’études consacrées aux migrant.es venu.es d’Asie – en particulier de l’Asie du Sud-Est et notamment du Cambodge –, si l’on compare par exemple avec celles portant sur les populations africaines. On ne connaît quasiment rien, ainsi, du parcours de ces populations après leur arrivée en France dans les années 70-80.
Il existe encore moins d’études sur les descendant.es des réfugié.es et sur leur réception des traumatismes de la génération précédente. Néanmoins, on notera le volume collectif sous la direction de Khatharya Um et Hélène Le Bail, Générations post-réfugiées. Les descendants de réfugiés d’Asie du Sud-Est en France (Rabelais, 2023).
Enfin, si de nombreux travaux ont été consacrés à Rithy Panh – par Sylvie Rollet, Leslie Barnes et Joseph Mai, Raya Morag ou encore Deidre Boyle –, il n’en existe en revanche que très peu sur les œuvres de la diaspora cambodgienne, a fortiori de la deuxième génération (Jenny Teng, Guillaume Soun, Davy Chou).
OBJECTIFS ET ENJEUX SCIENTIFIQUES DU PROJET :
Notre programme de recherche s’inscrit dans le prolongement du travail de Khatharya Um et Hélène Le Bail, avec cependant deux différences. D’une part, nous nous concentrerons sur la génération cambodgienne issue de la diaspora. D’autre part, nous porterons une grande attention au rôle de l’art et de la littérature dans le travail d’élaboration et de transmission du passé.
Trois concepts nous semblent particulièrement opératoires. Le premier, créé par Marianne Hirsch, est celui de post-mémoire, par lequel elle désigne la manière dont les générations suivant celle des victimes tentent de reconstruire l’événement traumatique, par l’intermédiaire des traces qu’elles peuvent trouver dans les récits, les correspondances, les objets ou les photographies.
Le second concept est celui de post-exil, par lequel Alexis Nuselovici décrit la transmission des expériences exiliques d’une génération à l’autre et la manière dont les jeunes vivent, eux aussi, une forme de déracinement et de souffrance.
Un point de convergence entre Hirsch et Nuselovici est le rôle de la création dans ces processus psychiques. Par le biais des œuvres, ces jeunes peuvent se représenter un monde et un passé inaccessibles, mais également en découvrir les implications dans leur vie et envisager une forme de réparation. Pour cela, ils doivent entreprendre une démarche auprès de leurs aîné.es afin de briser leur silence, ce que Janine Altounian appelle la transmission à rebours.
Trois problématiques nous paraissent se dégager de ces réflexions :
a) La réappropriation de la mémoire trouée :
Comment exhumer le passé refoulé ? Comment faire le deuil de quelque chose que l’on n’a pas connu et vivre avec la perte et le silence de ses aînés ? Nous nous interrogerons sur les rapports qu’entretiennent, dans la deuxième génération de la diaspora, l’exil, la mémoire et la transmission.
b) La déconstruction de l’imaginaire forgé par le pays d’accueil :
Les réfugié.es de l’Asie du Sud-Est apparaissent souvent comme des modèles d’intégration. Cet imaginaire passe sous silence des réalités complexes et surtout leur impose de reproduire le modèle du « bon Asiatique ». Comment certain.es résistent-ils, en particulier par la création, à ces formes d’invisibilisation ?
c) Le déchirement entre deux pays et deux cultures :
Les descendant.es des réfugié.es sont déchiré.es entre deux pays et deux cultures. Ils expriment un entre-deux qui divise et relie à la fois. Nous nous demanderons comment l’espace de la création permet de représenter et de rendre visible cet entre-deux et de faire émerger d’autres récits, faits de réinterprétations ou de réinventions.
INSCRIPTION DANS LES AXES D’ArTeC :
Ce projet s’inscrit dans l’axe « Les nouveaux modes d’écritures et de publication ». Il s’agira à la fois de rendre compte des nouvelles écritures inventées par les artistes de la jeune génération de la diaspora cambodgienne et de trouver des formes originales de recueil, d’écriture et de transmission de leur expérience et de leurs œuvres.
LIEN AVEC LA RECHERCHE-CRÉATION OU LA RECHERCHE-ACTION :
Ce projet entretient des liens étroits avec la recherche-création du fait :
– d’une part, de la nature même des œuvres qui en composent le corpus principal (qui s’inscrivent elles-mêmes dans cette démarche). Ainsi travaillerons-nous avec des artistes de la nouvelle génération (Neang Kavich, Jenny Teng, Davy Chou…) qui présenteront leur œuvre lors du colloque, mais également au Forum des images où seront organisés un festival, une exposition et des masterclasses.
– d’autre part, de son articulation avec un MIP (voir infra) qui sera le lieu d’une réflexion et d’un réinvestissement créatif prolongeant les recherches menées durant l’année 2025.
MÉTHODOLOGIE ENVISAGÉE :
Ce projet vise à étudier la génération post-réfugiée cambodgienne, dans la lignée des « Critical Refugee Studies », qui considèrent les regards portés par les réfugié.es et leurs descendant.es comme « producteurs de connaissances », en donnant à voir des perspectives ignorées ou marginalisées.
Il sera donc important de collecter des témoignages, en nous appuyant sur les réseaux associatifs. Il conviendra d’explorer de nouvelles formes d’écritures visuelles ou sonores, afin de traduire et de restituer les parcours de vie des deux générations, en privilégiant la diversité des modes de restitution (films, photographies, installations, podcasts, etc.) et en essayant d’inventer une transmission « horizontale » (Randal Douc).
Si les artistes seront au cœur de notre démarche – tant par leurs prises de parole que par la monstration de leurs œuvres –, des théoricien.nes de diverses disciplines (anthropologie, histoire, psychanalyse, théorie de la littérature et de l’art, etc.) seront également associé.es. Il s’agira à la fois de penser avec les œuvres et de déplacer le regard surplombant du monde académique.
Quatre directions de travail sont envisagées :
Art et témoignage. Comment les artistes de la seconde génération jouent-ils un rôle dans la collecte des témoignages et des autres traces du génocide, ainsi que dans leur transmission ?
Poétique des archives. Comment traitent-ils les archives dans les cas où elles existent et, quand elles font défaut, constituent-ils en archives de substitution les œuvres des créateurs de la génération précédente ?
La mémoire fantôme. Comment intègrent-ils à leurs œuvres les différentes formes de hantise auxquelles ils sont confrontés et inventent-ils des dispositifs d’accueil ?
Lieux et non-lieux de la mémoire. Comment, éloignés du Cambodge, inventent-ils des lieux de mémoire alternatifs, comme des paysages ou des objets susceptibles d’échapper à l’oubli et d’être réinvestis collectivement ?
RÉSULTATS ENVISAGÉS :
Il s’agit en premier lieu de combler un vide académique au sujet des œuvres issues d’artistes de la diaspora cambodgienne. Nous voudrions contribuer ainsi à mettre au jour la façon dont les artistes, en inventant des formes personnelles, participent à la production d’un savoir historique complémentaire de celui des historiens (attentif à l’étoffe du sensible). Dans le cadre du MIP, il s’agira par ailleurs de produire des archives orales au travers de podcasts consacrés aux itinéraires des descendants de survivants, notamment des artistes.
RÉALISATIONS PRÉVUES :
- Un séminaire de 5 séances, de janvier à juin 2025.
- Un colloque international (« Cambodge, les fantômes du génocide. Diaspora, postmémoire, création ») les 25-26 avril 2025 à l’INHA, au Campus Condorcet (en attente de réponse) et au Forum des images (accord confirmé).
- Deux masterclasses d’artistes, un cours portant sur le thème « Images et éthique » et des projections-débats au Forum des images, dans le cadre du festival « Qui se souvient du génocide cambodgien ? » (15 avril-4 mai 2025).
- Une exposition, « En quête de la maison perdue », au Forum des images (15 avril-4 mai). Commissariat : Soko Phay, avec la participation de Patrick Nardin.
- Un site internet, « Cambodge, mémoire de la diaspora ».
RÔLE DES PARTENAIRES :
Le projet est porté par Ophir Levy, maître de conférences en cinéma à Paris 8 et membre de l’ESTCA, et par Soko Phay, professeure en arts plastiques à Paris 8, en délégation CNRS à l’UMR CRAL.
Il associe en tant que partenaires l’ESTCA et le laboratoire HAR de Paris Nanterre à travers la participation d’Aurélie Ledoux, maîtresse de conférences en cinéma. Il intègre également en tant que chercheur associé Pierre Bayard, professeur émérite en littérature française à Paris 8 et psychanalyste (équipe de recherches Fablitt).
Ce qui relie les quatre organisateur.trices est leur complémentarité disciplinaire et leur communauté d’intérêts pour la question des images et de la violence extrême.
Un partenaire extérieur important est le Forum des images.
JUSTIFICATION DES MOYENS DEMANDÉS :
Ceux-ci portent surtout sur le colloque et la conception du site valorisant l’ensemble des manifestations. Les frais du festival seront intégralement pris en charge par le Forum des images qui participera également au financement de certaines missions liées au colloque. Ce dernier devant réunir des chercheurs et artistes étrangers, il suppose d’importants frais. Les laboratoires ESTCA et HAR apporteront une aide, mais qui sera insuffisante.
ARTICULATION AVEC UN MIP :
Ce projet sera complété par un MIP qu’Ophir Levy et Soko Phay déposeront en mars 2025, centré sur des ateliers-laboratoires. Il s’agira de réfléchir dans un premier temps sur les modalités de témoignage de la génération post-réfugiée et sur les protocoles d’archivage. Dans un second temps, les étudiant.es en master de Paris 8, de Paris Nanterre et de l’EUR ArTeC, mais aussi un ou deux doctorant·es, engageront une création artistique sur cette base.
Les publications issues des travaux menés lors des différentes manifestations scientifiques du projet se présenteront sous plusieurs formats et supports, permettant une exposition régulière de nos recherches en cours de 2025 à 2027.
Création d’un site internet consacré aux travaux menés au sein du programme (œuvres, réalisations) sur le modèle des autres programmes soutenus par l’EUR ArTeC, avec les éditions Naima :
– programme « Le paysage après coup » (P. Nardin et S. Phay)
https://www.naimaeditions.com/biblio/memoire-et-paysage/
– programme « Archiver les récits d’objets » (P. Nardin et S. Phay)
https://www.museobanques.org
Publication sur HAL de comptes rendus de séances et de documents de travail issus du séminaire.
Publication d’un ouvrage (papier et numérique) prévue en 2027, reprenant les textes issus des diverses manifestations scientifiques (colloques, séminaires, festival filmique du Forum des images), mais également des productions issues des ateliers-laboratoires dans le cadre des MIP que nous souhaitons effectuer en 2025-2026, voire en 2026-2027. Une attention sera portée à une analyse critique des expositions et des projections avec une documentation visuelle importante.
Le projet de recherche actuel ne prévoit pas de collecte des données sensibles comme la collecte des témoignages des réfugiés et de leurs descendant·es. En revanche, le projet MIP que nous entendons déposer au printemps prochain sera amené à le faire. En ce sens, il sera nécessaire d’interroger les modalités de collecte, de restitution et de médiation, conformément à la protection des données sensibles et aux directives de la commission éthique.
En effet, nous aimerions privilégier une approche critique des études sur les réfugié.es et leurs descendant·es, que les travaux ne considèrent jusqu’ici que comme des objets d’étude, sans les inclure véritablement. Il s’agira de donner une place légitime à leurs voix, à leurs modalités d’expression pour co-construire une réflexion commune.
Outre les publications en ligne et papier mentionnées précédemment, nous entendons valoriser le projet et donner un écho à ses manifestations dans différents médias adressés au grand public :
– Libération (cahier de 8 pages consacrées à la mémoire du génocide cambodgien et aux créations des artistes de la deuxième génération. La dernière page sera dédiée à l’annonce des différentes manifestations). Coordination : Arnaud Vaulerin, journaliste en charge de l’Asie à Libération.
–Radio France Internationale pour une série d’émissions : Valérie Nivelon, émission « La marche du monde », Bopha Chheang RFI-Cambodge.
– Revue Historia : plusieurs articles seront consacrés au régime khmer rouge en lien avec les procès de Phnom Penh, à l’enseignement de l’histoire et aux archives. Coordination : Soko Phay et Arnaud Vaulerin.