Sophie Prinssen, Ensaigner le réel

Sophie Prinssen, Ensaigner le réel

DURÉE DU PROJET

2024 - 2026


PORTEUR(S) DU PROJET

Sophie Prinssen


EN COLLABORATION AVEC
EA-7322 Fabrique du littéraire Fablitt

Ensaigner le réel : le jeu de rôle comme pratique expérimentale de l’aliénation pour l’arpentage de mondes alternatifs

Ensaigner le réel est un projet de thèse en recherche-création qui emploie le jeu de rôle sur table en tant que pratique d’incarnation, de confrontation et de négociation avec l’altérité. L’hypothèse centrale est que le jeu de rôle permet l’exercice du passage d’un “monde en commun à la création de mondes en commun” (Reed, 2023), transformant la fiction et la narration en outils d’arpentage de modèles de mondes alien, qui nous sont étrangers. Le jeu de rôle dépasse la simple représentation de l’altérité pour permettre de la côtoyer, parfois au plus près : advient alors le bleed, terme utilisé dans le domaine du jeu de rôle pour désigner la zone grise entre la fiction et la réalité. Il y a bleed (saignement) quand la frontière émotionnelle entre le joueur et le personnage qu’il incarne se dissout, provoquant une aliénation mutuelle entre l’identité réelle et l’identité étrangère, alien, que le joueur ou la joueuse incarne. Cette recherche cherchera à déterminer le fonctionnement du bleed, pour l’étudier en tant que phénomène d’aliénation et d’estrangement. Il s’agira de concevoir un dispositif de jeu de rôle créant un « espace potentiel » (Winnicott, 1975) pour mettre en jeu la complexité du réel et expérimenter d’autres formes de vie grâce aux saignements entre le fictif et le réel. Cette œuvre-jeu, intitulée Alieneering se déploiera sous la forme d’ateliers d’écriture et de jeu où les infrastructures axiologiques et matérielles de notre réalité forment une base pour la conception collective d’infrastructures alien, telles des donjons à explorer. À l’issue de ces cycles d’expérimentation publics dont les récits viendront nourrir l’écriture de la thèse sera produite une édition inspirée d’un manuel de jeu de rôle, afin de faire circuler les résultats de la recherche et permettre leur appropriation. Ce projet s’appuie sur les apports des théories de la fiction, du jeu et de la narration pour développer un modèle de mise en jeu de rôle du littéraire qui pourra intéresser d’autres disciplines.

Sophie Prinssen est artiste, chercheuse et travailleuse de l’art. 
Titulaire d’un master en Écritures critiques et curatoriales de l’art et des cultures visuelles à l’université de Strasbourg, elle est actuellement doctorante au sein du laboratoire FabLitt (Paris 8), sous la direction de Nancy Murzilli. En plus de son travail de recherche et de création, elle exerce une activité indépendante en coordination de projets artistiques, où elle met en œuvre ses compétences de coordination au service de la création artistique. Sophie Prinssen est membre du conseil artistique du Syndicat Potentiel, artist-run space basé à Strasbourg. Elle co-coordonne le projet Activismes ésotériques avec l’artiste-intervenante Cynthia Montier, un travail de recherche et de co-création à la croisée du rituel, de la performance et de l’intervention dans l’espace public. Elle est également impliquée dans le collectif international Antropical, basé au Luxembourg, qui prône une approche ludique et alternative de l’art, loin des circuits traditionnels. Sophie Prinssen a été coordinatrice d’expositions, assistante de régie et chargée de projets dans diverses institutions artistiques telles que le CEAAC, le Syndicat Potentiel, à la Villa Vassillief Pernod-Ricard Fellowship, et à Bétonsalon, centre d’art et de recherche.