2022 - 2022
Angela Lampe, Catherine Perret
Les relations entre l’art et l’anarchisme au tournant du XXe siècle ont fait l’objet de réévaluations critiques conséquentes, notamment à travers l’analyse de la littérature libertaire et l’organisation d’expositions explorant les différents foyers de correspondances entre la pensée anarchiste et les milieux de l’art moderne et des avant-gardes. Pour autant, bien que des historiens de l’art comme Allan Antliff relisent cette histoire de l’art moderne sous le prisme de l’engagement libertaire, certaines apories historiographiques apparaissent lorsqu’il s’agit d’appréhender la circulation et la survivance de la pensée anarchiste dans les pratiques artistiques tout au long du XXe siècle. En effet, alors que les principaux théoriciens de l’anarchisme s’étaient interrogés sur les fonctions sociales et émancipatrices de la création artistique et le rôle des artistes dans la société, le discours et la théorie libertaire demeurent souvent les grands absents des grands récits de l’histoire de l’art.
A l’heure où les catégories du modernisme se retrouvent contestées, ce projet de recherche porté par Angela Lampe (conservatrice au Musée national d’art moderne-Centre Pompidou), Catherine Perret (professeure des Universités à Paris 8-EPHA) et Paul Sztulman (Enseignant d’Histoire et Théorie Critique, École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs – Paris), se propose de revenir sur une histoire diffuse des relations entre l’art moderne et la pensée libertaire au XXe siècle, tout en ouvrant l’étude à ses prolongements multiples au sein des pratiques artistiques contemporaines et notamment au mouvement DIY, au hacking et à l’art numérique. De par la relecture des collections du Musée national d’art moderne et l’étude approfondie de la généalogie d’œuvres, de pratiques, mais également par l’analyse biographique des artistes, il s’agira de revenir sur le moment de la dissémination transnationale de l’anarchisme, de saisir les trajectoires historiques et esthétiques d’une pensée créatrice complexe, de mesurer ses rapports à la société et aux mondes de l’art afin d’en relire les enjeux artistiques, politiques et philosophiques.
John Cage, 30 Drawings by Thoreau, 1974
Angela Lampe (conservatrice au Musée national d’art moderne-Centre Pompidou)
Catherine Perret (professeure des Universités à Paris 8-EPHA)
Paul Sztulman (Enseignant d’Histoire et Théorie Critique, École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs – Paris)