TypoFilm – la lettre à l’écran

TypoFilm – la lettre à l’écran

DURÉE DU PROJET

2020 - 2022


PORTEUR(S) DU PROJET

Philippe-Alain Michaud (Conservateur, chef du Service du Cinéma expérimental, Centre Pompidou)


EN COLLABORATION AVEC
Centre Pompidou, EA 4010 Arts des images et arts contemporains (AIAC), École nationale supérieure des Arts Décoratifs – Paris

Le numérique n’a pas inventé la pratique de la lecture (et de l’écriture) à l’écran. Plutôt, les nouvelles technologies ont élargi et appliqué de manière totalisante (parfois inconsciente) des procédés et des pratiques qui trouvent leurs origines dans les stratégies typographiques et dans l’image en mouvement. Conçu comme une enquête suscitée par la proximité des objets (des œuvres conservées à la collection film du Musée national d’art moderne, notamment), ce projet associe des historiens du design graphique, des spécialistes du film d’artiste et de la vidéo, des artistes et des graphistes, dans la tentative de restituer une généalogie de la typographie à l’écran et de ses enjeux expérimentaux. 

La question de la typographie au cinéma a été particulièrement peu traitée, alors même que les manifestations d’une telle rencontre devraient retenir toute notre attention, face aux enjeux multiples de la lecture à l’écran et aux défis technologiques associés à celle-ci. Le sujet a été jusqu’ici principalement examiné à travers le cas du générique et de ses protagonistes (Saul Bass, Pablo Ferro, Kyle Cooper, Maurice Binder, Robert Brownjohn). Encore, dans le domaine du cinéma muet, les études sur les intertitres ont connu un certain développement (voir le volume collectif édité par Leonardo Quaresima, Scrittura e immagine. La didascalia nel cinema muto, Forum, 1998). Quelques auteurs cependant se sont intéressés à la question de la typographie au cinéma de manière plus générale, Peter von Arx de manière précoce avec Film Design (van Nostrand Reinhold, 1983), puis différents chercheurs souvent impliqués eux-mêmes dans la création. Citons Jeff Bellantoni et Matt Woolman, Moving Type : Designing for Time and Space (Rotovision, 2000), Johanna Drucker, “Graphic Devices : Narration and Navigation” (Narrative, vol. 16, n° 2, mai 2008), Lionel Orient Dutrieux, Typographie et Cinéma (Atelier Perrousseaux, 2015), enfin Michael Betancourt, Typography and Motion Graphics (Routledge, 2019). Ces deux derniers ouvrages, qui tentent une approche large, appuyée notamment sur une exploration historiographique, constituent une base de réflexion précieuse. 

Le projet « TypoFilm », toutefois, vise à articuler une position distincte. Dans un geste de déplacement méthodologique, il faudra mobiliser des connaissances typographiques à la fois théoriques, historiques et pratiques afin d’observer sous cet angle particulier un ensemble de films issus de la collection du musée. C’est le sens de la collaboration prévue, associant des spécialistes des deux domaines. 

La collection film du Musée national d’art moderne fonctionne comme base de travail du projet, en partant d’un postulat : le film expérimental et les films d’artistes se caractérisent par une dimension réflexive explicite. Contrairement aux génériques de film ou aux intertitres, qui fournissent à l’expérimentation typographique un périmètre déterminé par des exigences fonctionnelles (notamment narratives), cette production permet de questionner théoriquement les stratégies typographiques à l’écran. L’affinité élective entre typographie et film d’artiste a été mise en valeur dans des études autour du cinéma des avant-gardes historiques (cf. P. Adams Sitney, « Image and Text in Avant-Garde Cinema », October, vol. 11, 1979) et notamment soviétique (Dziga Vertov étant l’exemple principal). Mais la question typographique traverse le film expérimental des années 1960 et 1970 (Hollis Frampton, Stan Vanderbeek, Michael Snow, Lis Rhodes, entre autres), et en général nombre de pratiques de l’image en mouvement qui s’émancipent du paradigme photographique. Le projet se propose de faire une généalogie de la typographie à l’écran avec une attention particulière portée aux technologies d’impression et de production d’images en instaurant un dialogue entre spécialistes et praticiens issus de domaines différents (historiens du design graphique, théoriciens des images, artistes, graphistes).

légende de l’œuvre : Morgan Fisher, Standard Gauge, 1984. Film 16 mm, couleur, sonore, 35 min. [détail] Collection Centre Pompidou. Achat 2006, Inv. : AM 2006-F20 © Morgan Fisher © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Hervé Véronèse/Dist. RMN-GP


ÉQUIPE DU PROJET

François Bovier (Maître d’enseignement et de recherche à la Section d’histoire du cinéma de l’Université de Lausanne – UNIL, et chargé de recherche à l’Ecole cantonale d’art de Lausanne – ECAL), Enrico Camporesi (Chargé de la recherche et de la documentation, Service du cinéma expérimental, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou), Catherine de Smet (Maître de conférences HDR, Université Paris 8), Philippe Millot (graphiste, enseignant, EnsAD), Paule Palacios-Dalens (graphiste, chercheuse au sein du laboratoire  AIAC, équipe TEAMeD, Université Paris 8), Jonathan Pouthier (attaché de conservation, Service du cinéma expérimental, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou).

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