2020 - 2023
Manuela de Barros (TEAMeD, Université Paris 8)
Ce projet se propose de mener une réflexion sur les mutations et hybridations du vivant, et sa transformation par les sciences et techniques. Il se compose d’un séminaire de recherche au long cours mené par Manuela de Barros et des conférencier.e.s invité.e.s ; de conférences Rencontres LASER Paris (Leonardo/ Olats) qui réunissent deux artistes et deux scientifiques par soirée (3 rencontres par an en 2021 et 2022) ; et une journée d’étude sur la thématique “Quel corps spatial ? / Which bodie(s) in/for Space? » en 2021, et une autre intitulée « Global Periphery » en 2022. Il contient enfin un volet de propositions de présentation publique des résultats, portée en partie par les étudiant.e.s, au Symposium International pour les Arts Numériques (ISEA) qui aura lieu à Paris en 2023. L’année 2023 sera en grande partie consacrée à une mise en forme des résultats, par des textes et des réalisations artistiques.
Le projet s’inscrit dans l’étude des rapports arts, sciences et technologies en tant qu’ils font apparaître de nouvelles démarches heuristiques, avec outils et points de vue innovants dans lesquelles l’imaginaire artistique et l’invention scientifique entrent en synergie. Il croise des domaines divers et pouvant paraître éloignés, mais qui forment pourtant une chaîne logique d’exploration de notre habitat, de notre environnement proche ou lointain, et de ses divers habitants naturels ou créés. S’y entremêlent la biologie, la robotique, l’astronautique ou l’astronomie, et leurs enjeux environnementaux, culturels, économiques ou politiques.
Alors que la biodiversité s’effondre, on assiste à la multiplication des créatures technologiques. Algorithmes, robots, intelligences artificielles, plantes et animaux, parfois technologiquement modifiés, peuplent notre planète et ont déjà commencé d’essaimer dans l’espace extra-terrestre. Quels sont les contours de ce nouveau “biotechnozoo” (Louis Bec) dans lequel l’humain abandonne sa place supposée dominante pour repenser les rapports de commensalité et de pouvoir dans des relations complexifiées et horizontalisées avec le vivant, le quasi-vivant et le non-vivant ?
Toutes les définitions classiques utilisées pour catégoriser le vivant et l’intelligence peuvent être réévaluées à l’aune de découvertes ou inventions de ces dernières décennies. Les redéfinitions et mises en perspective sont le plus souvent majeures. Pour donner quelques exemples, commençons par l’inscription du vivant dans la temporalité et sa corruptibilité battues en brèche par les explorations de la possibilité d’immortalité (de cellules, dans les recherches en biologie, ou des organismes et de la conscience, dans les projections Transhumanistes) ; ou bien l’inscription obligée du vivant dans un milieu supposé terrestre avec la recherche et les découvertes dans le domaine du spatial ; ou encore l’opposition descartienne de l’humanité et du reste des êtres vivants qui est aujourd’hui discréditée par la reconnaissance scientifique et écologique de la continuité et de l’interconnexion
vitale des diverses formes du vivant, des organismes complexes aux virus, en passant par le végétal ou le bactérien, et même les cristaux ; ou enfin, la spontanéité du vivant comme caractéristique ontologique, revue et corrigée par le développement des biotechnologies, de la robotique ou de l’Intelligence Artificielle. Les frontières entre vivant et inerte, sensibilité et neutralisme, entendement et inintelligence, conscience de soi et instinct indifférent, se sont considérablement réduites et brouillées.
Ce projet se propose d’étudier quelques-unes de ces thématiques telles qu’elles sont mises en œuvre dans l’art contemporain élargi dans ses formes, ses matériaux et ses concepts et préoccupations : vivant / non vivant ; perceptif / cognitif ; corporalité / matérialité.
Il est destiné à des étudiant.e.s de Master sous trois formes : séminaire de recherche universitaire spécifique, participation et animation de conférences, publications et édition en ligne et papier. Son objectif est de mener une réflexion sur les nouvelles formes du vivant et de leurs environnements, en associant la création artistique à la recherche scientifique. L’association des étudiant.e.s à l’ensemble du processus d’étude et à la présentation des résultats est primordiale, mais aussi l’élargissement de l’introduction à la recherche universitaire artistique et scientifique, en la donnant à voir à un public élargi.
Manuela de Barros (TEAMeD, Université Paris 8)
Annick Bureaud, Directrice de Leonardo/Olats, curatrice et critique d’art
Sylvie Boulanger, Directrice du CNEAI
Nathalie Lacroix, Administratrice du CNEAI