Professeur titulaire au département d’Histoire de l’art, de cinéma et de médias audiovisuels de l’université de Montréal, André Habib est un enseignant-chercheur et un écrivain de cinéma reconnu internationalement, notamment dans le domaine du cinéma expérimental de réemploi, de l’histoire des techniques, du cinéma iranien, de l’esthétique de la ruine et pour ses écrits sur la cinéphilie. Il a publié des monographies ou dirigé des ouvrages sur les collectionneurs (Le cinéma dans l’oeil du collectionneur, 2022), la cinéphilie (son essai La main gauche de Jean-Pierre Léaud, 2016), les ruines (L’attrait de la ruine, 2011), les archives (L’avenir de la mémoire, 2013) et des textes importants sur les cinémas de Ken Jacobs, Jean- Luc Godard, Louise Bourque, Bill Morrison, Ernie Gehr, Stan Brakhage, etc. Il est également le directeur de la revue électronique Hors champ et l’initiateur de la plateforme de réflexion et de création audiovisuelle Zoom Out et du projet “Cadavre exquis”, un laboratoire de valorisation patrimoniale et d’expérimentation artistique lié au cinéma scientifique et éducatif. Il est actuellement le directeur adjoint du CRIalt et a été le porteur principal et collaborateur de nombreux projets de recherches interdisciplinaires importants, dont “Le temps du rétro : photographie, cinéma et jeu vidéo” (2018-2022), et plus récemment “Environnement, médias, archives : une anatomie contemporaine de la mélancolie et de la nostalgie” (2023-2026).
- 6 novembre
16h-18h : « Autour de quelques films de famille » – Centre Pompidou, cinéma 2
Cette conférence-performance prend pour prétexte la description d’une série de bobines 8mm. Ce sera l’occasion de réfléchir plus largement au réemploi des films de famille dans le cinéma d’avant-garde et d’accompagner les affects tantôt mélancoliques, tantôt nostalgiques, que la projection ou la réutilisation de ce type d’images suscitent et archivent.
19h-21h : « La lentille mélancolique (nostalgique) » – Centre Pompidou, cinéma 2
Ce titre, emprunté à l’ouvrage de Tony Pipolo (The Melancholy Lens) et en clin d’oeil au film de Hollis Frampton, cherche à décrire l’oscillation entre nostalgie et mélancolie qui se joue dans une poignée de films de l’avant-garde américaine regroupés dans ce programme (Hy Hirsch, Bruce Baillie, Hollis Frampton, Joseph Cornell). Cette lentille est tout autant celle du cinéaste que celle du spectateur ou de la spectatrice.
Films projetés :
Hy Hirsh, Autumn Spectrum, 1957, 16mm, coul, son, 5 min 20 s
Joseph Cornell, A Legend for Fountains, 1957, 16mm, coul, son, 16 min
Bruce Baillie, All My Life, 1966, 16mm, coul, son, 3 min
Hollis Frampton, (nostalgia), 1971, 16mm nb, son, 36 min
- 8 novembre
10h20-13h20 – salle de séminaire 1, bâtiment Max Weber – intervention dans le cadre du séminaire « À quoi sert la théorie du cinéma ? »
« L’intermédialité à l’épreuve de la nostalgie et de la mélancolie »
- 12 novembre
13h20-16h20 – salle de séminaire 2, bâtiment Max Weber – intervention dans le cadre du séminaire « Imaginaires des matérialités filmiques »
“Technostalgie et mélancolie de la technique: actualités de l’obsolète”
Cette séance du séminaire “Imaginaire des matérialités filmiques” tentera de réfléchir à la notion de “technostalgie” (le lien affectif et mémoriel à une technologie devenue obsolète), en essayant de saisir dans quelle constellation d’idées, mais aussi de manifestations esthétiques elle peut être appréhendée. Il s’agira également de tenter de dynamiser cette idée de “technostalgie” en introduisant l’idée d’une “technomélancolie”. À quel imaginaire de la technique et de ses matérialités ces deux notions nous renvoient ? De la “renaissance de l’analogique” aux percées perplexes de l’IA, nous nous demanderons quelle forme, quel affect suscite l’obsolète aujourd’hui et, plus généralement, que sont en train de devenir la nostalgie et la mélancolie à l’ère du post-tout-numérique.
- 14 novembre
9h45-17h30 : Salle de conférences, bâtiment Max Weber
Journée d’étude « Entre nostalgie et mélancolie : nouveaux regards, nouvelles questions ou « sauve qui peut » »
La mélancolie et la nostalgie sont des affects prédominants et paradoxaux de notre époque. Elles semblent irriguer toutes les sphères de nos sociétés et de nos cultures. Les lieux où elles s’expriment, les formes qu’elles incarnent et les causes qui les engendrent sont innombrables : de la gauche à la droite, de l’anthropocène à la pandémie, de la saturation de l’accès aux données du passé engendrée par la révolution numérique à la perte de confiance dans la possibilité d’un avenir, des séries télés à la musique en passant par les réseaux sociaux et la production savante. Cette journée d’étude se propose de réfléchir à l’étonnante actualité de ces émotions en plongeant en même temps dans leur riche et complexe histoire ancienne. Si la nostalgie et la mélancolie ont fait l’objet d’importantes publications ces dernières années (on pense aux ouvrages de Starobinski, Bolzinger, Cassin, Niemeyer, Fantin et Févry, tout comme aux études de Traverso, Clair, Edmonson et Mladek), peu de ces ouvrages tentent de tirer profit de leur mise en examen comparé. Que gagne-t-on à tenter de penser ensemble la nostalgie et la mélancolie ? Comment se conjuguent-elles au présent et à quels champs d’application la polysémie de ces mots se prête-t-elle ?
Ce sera sans doute à l’aune de nouveaux néologismes apparus ces vingt dernières années (comme l’était le mot « nostalgie », quand il a été forgé en 1688 en Suisse) que nous pouvons mesurer l’ampleur des manifestations contemporaines qui leur sont liées et les tonalités affectives différenciées que nostalgie et mélancolie se partagent : technostalgie, solastalgie, ostalgie, eco-mélancolie, autant de déclinaisons nouvelles de ces affects anciens qui rendent compte de l’emprise des médias dans nos vies ou encore de l’impact psychologique de l’anthropocène, de l’extinction des espèces et de la biodiversité. Les interventions de cette journée porteront, en partant de ces thématiques, sur des champs disciplinaires différents (anthropologie, cinéma, communications, muséologie, littérature, philosophie), confirmant à l’envi l’intérêt qu’il y a à penser à nouveaux frais le passé, et mieux diagnostiquer les maladies de notre temps.
Cette journée d’étude est co-organisée par Fabien Boully et Éric Thouvenel, membres de l’UR HAR de l’université Paris Nanterre, et André Habib, professeur titulaire au département d’Histoire de l’art, de cinéma et de médias audiovisuels de l’université de Montréal et membre du laboratoire Cinémédias. Il est également membre du partenariat international CinEXmédias, et détenteur d’une subvention de recherche « Savoir » du CRSH (Conseil de recherche en sciences humaines du Canada) pour un projet intitulé : « Environnement, médias, archives : pour une anatomie contemporaine de la nostalgie et de la mélancolie ». Cette journée sera l’aboutissement d’un cycle d’activités réalisées dans le cadre de la Chaire de recherche internationale ArTeC qui sera occupée, à l’automne 2024, par André Habib. Ce sera l’occasion de réunir des chercheurs canadiens, belges, français.
Avec des interventions de : Fabien Boully, Sophie Corbillé, Emmanuelle Fantin, Sébastien Févry, André Habib, Anne-Violaine Houcke, Jonathan Larcher, Muriel Pic et Éric Thouvenel