Wilson Tarbox, Third Text, 1987-2022 : histoire d’une revue d’art et de critique postcoloniale

Wilson Tarbox, Third Text, 1987-2022 : histoire d’une revue d’art et de critique postcoloniale

DURÉE DU PROJET

2023 - 2025


PORTEUR(S) DU PROJET

Wilson Tarbox


Ce projet de recherche-théorie vise à approfondir la compréhension historique et esthétique de la revue Third Text, Third World Perspectives on Contemporary Art and Culture. Fondée en 1987 par l’artiste Rasheed Araeen, originaire de Karachi (né en 1935), cette revue s’est rapidement imposée comme l’une des plus influentes dans le domaine de l’analyse critique de l’art contemporain à l’échelle mondiale. Son objectif premier était de mettre en lumière l’art et les artistes issus des pays du Sud, souvent négligés ou marginalisés dans l’histoire de l’art dominée par une perspective occidentale.Third Text s’est concentrée sur la mise en valeur des expériences liées à l’histoire coloniale ainsi que sur l’impact de la mondialisation sur les pratiques culturelles. De manière critique, la revue a remis en question les critères esthétiques eurocentriques et ethnocentriques, responsables de la marginalisation des artistes issus de divers horizons. Cette orientation s’est développée dans une période de débats intenses, qui a couvert les années 1970 jusqu’au début des années 2000, abordant des sujets tels que la politique multiculturelle et la mondialisation. D’une importance capitale, Third Text a élargi ses horizons pour inclure l’histoire et la théorie du cinéma militant, l’art contemporain et l’écologie politique, l’esthétique révolutionnaire, ainsi que la culture dans les sociétés transnationales et en transition.

Au cœur de cette recherche se trouve la question de savoir comment Third Text a joué à la fois le rôle de témoin et d’acteur dans les profonds bouleversements théoriques et pratiques qui ont marqué les artistes et les institutions. La revue a eu un impact considérable en transformant le discours de l’histoire de l’art, en introduisant de nouvelles perspectives critiques et en faisant entendre des voix longtemps négligées.

En outre, Third Text ne se limite pas à être un simple objet historiographique de l’art, mais elle représente également un véritable projet artistique conceptuel, collaboratif et collectif, émergent de la pratique de Rasheed Araeen. Au-delà de l’intérêt d’un seul artiste, la revue est devenue un forum d’échange pour des artistes et des intellectuels du monde entier. Elle incarne un espace d’interaction où se croisent des idées et des visions, contribuant ainsi à façonner un dialogue mondial sur l’art et la culture.

En somme, cette recherche approfondie permettra de mieux comprendre le rôle central joué par Third Text dans le champ de l’art contemporain, son impact sur l’histoire de l’art et les discours critiques qu’elle a apportés. Elle mettra également en lumière l’importance de cette revue en tant que projet artistique novateur et rassembleur, dont l’influence dépasse largement les frontières d’une seule personne pour devenir une plateforme essentielle pour les artistes et les penseurs du monde entier.

Wilson Tarbox est critique d’art, traducteur, chercheur, historien et écrivain, dont les centres d’intérêt englobent l’art, la politique et la littérature. Sa recherche se concentre principalement sur les effets de la mondialisation sur les pratiques artistiques et l’influence des études postcoloniales sur l’histoire de l’art. De plus, il manifeste un intérêt particulier pour l’exploration de l’histoire des mouvements ouvriers et de leurs manifestations littéraires et artistiques, ainsi que pour l’intermédialité, l’éducation et la critique institutionnelle.

Titulaire d’un Bachelor en histoire de l’art de l’Université de New York et de trois masters en littérature générale et comparée de l’Université Sorbonne-Nouvelle, en Histoire et théorie de l’art de l’Université Paris-Sorbonne, ainsi qu’en muséologie de l’École du Louvre, Wilson Tarbox a fait la découverte de l’artiste Rasheed Araeen (né en 1935 à Karachi, Pakistan) lors de son projet portant sur l’art tactile. Initialement intéressé par les dispositifs de participation tactile dans les œuvres d’une vingtaine d’artistes, il fut rapidement captivé par les dimensions politiques et textuelles du travail de cet artiste pakistanais, qui trouvaient leur expression la plus éloquente dans ses œuvres écrites et éditoriales. Cette observation mettait en évidence une tension entre les formes visuelles et textuelles présentes dans son œuvre, suscitant ainsi l’émergence de son projet de thèse.

 

 



ÉQUIPE DU PROJET

Ecole doctorale Lettres, Langues, Spectacles (LLS) – ED 138
Centre de Recherches Anglophones (CREA)
Charlotte Gould (Université de Paris-Nanterre); Susana Gallego-Cuesta (codirectrice, École du Louvre)