2022 - 2023
Etienne Armand AMATO, Laboratoire DICEN-IDF, Université Gustave Eiffel
Rétrospectives des recherches pionnières et perspectives des existences médiatiques hybrides
De façon progressive et par seuils, l’informatique et le réseau ont profondément transformé la relation des êtres humains avec la technologie. L’image interactive a permis que se développent, plus que des interactions en ligne, des co-existences inédites ; aussi bien des humains entre eux via leur avatar ; qu’avec des créatures programmées (bots logiciels, agents autonomes, etc.) ; le tout se déployant dans un monde virtuel faisant milieu.
Dans ce processus, la notion polysémique de « symbiose » s’ancre dans l’histoire fondatrice de l’informatique interactive, en écho au passage de la première à la deuxième cybernétique (Licklider, 1960). Elle fut repérée et réinterprétée par nos travaux (Perény, Amato, 2008) qui ont caractérisé la symbiose comme un des paradigmes de la co-évolution de l’homme et de sa technique (Leroy Gourhan, 1948), dans le cadre de notre « hypothèse du premier cybermédium », confirmant ainsi la valeur heuristique de l’avatar.
Aujourd’hui, la thématique d’ISEA 2023, Symposium International des Arts Électroniques pose un objectif affirmé d’appropriation/intégration de la symbiose, aussi bien par les artistes, chercheurs, technologues et théoriciens, à travers les individuations, organisations et imaginaires relevant de cette notion. Scientifiquement, cela nous impose une enquête critique approfondie, à la fois théorique et pratique, pour comprendre les motifs justifiant de l’appliquer à nos domaines et objets, qui se sont révélés eux-mêmes constituer des terreaux techniques et culturels d’émergence de certaines hybridations et de possibles rapports symbiotiques. Cela apparait d’autant plus crucial que de nombreuses forces économiques et industrielles ou courants de pensée utilisent la notion de symbiose pour instaurer une vision du monde techno-solutionniste, allant dans certains cas jusqu’à une banalisation du transhumanisme aux allures désirables car « soft » et « écologique ».
D’où l’importance d’interroger et de valider la pertinence de différents modèles scientifiques de la symbiose transposables à notre thématique directement concernée ; celle des « Avatars, êtres et mondes virtuels » d’autant plus qu’ils se font partenaires socio-techniques en devenant de facto agents relationnels de l’humain.
Ainsi, ce projet vise à expliciter les concepts, conditions et méthodologies d’investigation des relations possiblement symbiotiques de l’humain avec ces êtres techniques et lieux virtuels que sont les avatars, mais aussi avec les agents autonomes ou partenaires virtuels au sens large ; intégrés par leur monde électro-numérique, à travers l’expérience pionnière et actuelle des laboratoires partenaires. En premier lieu, il s’agit d’établir un corpus issu de nos laboratoires et équipes afin de pour qualifier les rapports de type symbiotique entre humains et machines virtuelles. La seconde phase confronte des approches et données croisées issues des démarches scientifiques, artistiques ou créatives, en stimulant des dialogues, dont certains filmés, au format entretiens de recherches, nourris par l’analyse de situations virtuelles. Le tout débouche sur la formalisation d’un nouvel appareillage conceptuel et méthodologique concernant l’hybridation synergique du vivant et de l’artificiel, en vue d’une diffusion et partage transdisciplinaire, notamment sous forme d’articles, de séminaires, d’une journée d’études et d’une session spécifique d’un colloque final.
PS : Pour mieux contextualiser ce projet scientifique comme suite logique à des actions passées visant une reformulation théorique de notre objet et la constitution/fédération d’un réseau de recherches, il faut mentionner deux concrétisations fondamentales :
– la réalisation du numéro 9 de la revue Hybrid « Arts et sciences de l’avatar technologique. Rétro-prospectives des incarnations médiatiques », sortie en décembre 2022, dont résulte le présent alignement des problématiques et le rapprochement des laboratoires DICEN-IDF et INREV dans le cadre du présent projet. Voir l’appel à projet de la revue https://eur-artec.fr/appel_a_projets/appel-a-contributions-revue-hybrid-2022
– l’action labellisée par la MSH Paris Nord du séminaire « Études et créations avatariales : hybridations, symbioses et transversalités » en co-partenariat DICEN-IDF et CHArt-THIM, banc d’essai d’une programmation d’entretiens de recherche, avec prototypage d’un dispositif de captation/diffusion Youtube (chaine YOUTUBE avatarial : https://www.youtube.com/channel/UC20B-HxwYRgJcaAsjRaCdEw )
Membres du Laboratoire DICEN-IDF :
Membres du Laboratoire CHArt-THIM
Membres de l’équipe INREV du laboratoire AIAC EA410
Artistes indépendants concernés relativement aux œuvres éligibles pressenties :
Claire SISTACH, autrice du tryptique des cyberexploration (2010-2013), et “2011/23/56: THE AVATAR ALERT”, ISEA 2023
Soizic SANSON, conceptrice et performeuse de DUAL CORE (2018)
Kelly MEZINO, modèle et expérimentatrice du projet de double 3D photogrammétrique (2020-actuel)