Chloé Larmet, Schizophonies théâtrales. Séparer l’inséparable : l’acteur et sa voix au miroir des technologies numériques

Chloé Larmet, Schizophonies théâtrales. Séparer l’inséparable : l’acteur et sa voix au miroir des technologies numériques

DURÉE DU PROJET

2020 - 2021


PORTEUR(S) DU PROJET

Chloé Larmet


EN COLLABORATION AVEC
EA 4414 Histoire des arts et des représentations (HAR)

SCHIZOPHONIE (du grec schizo : fendre et phône : « voix », « son ») :  séparation entre un son original et sa reproduction électroacoustique. R. Murray Schafer, Paysage sonore

Les technologies numériques du son ont rendu commune l’expérience de la schizophonie : depuis l’amplification sonore au théâtre jusqu’aux interfaces vocaux connectés, nous côtoyons chaque jour des voix séparées de leurs corps sans pour autant nous en étonner. Cette séparation n’a pourtant rien d’anodin et occupe depuis des siècles autant la philosophie – depuis le daemon de Socrate jusqu’à lalangue de Lacan – que les études théâtrales avec les résonateurs de Grotowski ou le mouvement verbal d’Anatoli Vassiliev. C’est dire autrement que cette schizophonie que Schafer repère (et condamne) dans la société contemporaine trouve ses origines bien avant l’invention des techniques d’enregistrement et de diffusion du son au début du XXe siècle. 

Cette recherche entend faire l’épreuve d’une hypothèse provocatrice : et si le geste vocal était proprement schizophonique ? Les technologies numériques serviraient alors de révélateur d’une logique de fragmentation d’ores et déjà contenue dans la voix. Tout aussi troublant que cela puisse paraître, la schizophonie serait la condition première du sujet vocal. C’est de ce trouble que notre recherche entend se nourrir en articulant une réflexion autour de trois axes : 

  • 1 – Une perspective diachronique qui a pour ambition d’esquisser les contours d’une brève histoire de la schizophonie au théâtre du XXe siècle jusqu’aux voix de synthèse et au traitement numérique live des voix utilisé de nos jours dans la création contemporaine. 
  • 2 – Une perspective synchronique qui s’attache à la compréhension du phénomène de schizophonie vocale dans le présent de la représentation théâtrale par une enquête de terrain auprès de créateurs sonores.
  • 3 – Une perspective pédagogique et créative qui vise à interroger les enjeux esthétiques, dramaturgiques et ludiques d’une pratique schizophonique de la voix. Inscrites dans une démarche de recherche-création, ces expérimentations donneront lieu à des ateliers ouverts à la communauté d’ArTeC et aux acteurs et chanteurs professionnels.

Biographie

Chloé Larmet est titulaire d’une thèse en Arts du spectacle (Théâtre). Spécialiste des esthétiques scéniques contemporaines, de la dimension sonore du théâtre et des rapports entre théâtre et philosophie. Enseignante et critique dramatique.

En 2016 elle soutient sa thèse « Expériences de voix. À l’écoute de Krystian Lupa, Christoph Marthaler, Joël Pommerat, Claude Régy et Anatoli Vassiliev » qui obtient les félicitations à l’unanimité du jury. Elle a publié de nombreux chapitres d’ouvrages, une vingtaine d’articles dans des revues telles que Théâtre/Public et Alternatives Théâtrales et a pris part à l’organisation de plusieurs événements scientifiques internationaux autour de la voix et de ses pratiques. 

En 2018 elle a conçu et dirigé l’atelier « Voices on stage » à la Fondation Cacoyannis à Athènes dans le cadre de l’événement européen « Performing Greek Tragedy in the Digital Era Sound and Technology Experimentation »



ÉQUIPE DU PROJET

Tuteur : Christophe Triau (Université Paris Nanterre)

Média archipélique