Ce projet de recherche-création intitulé : “Maintenance et performance du quotidien en réseau : politique possible à travers le roleplay dans Grand Theft Auto Online” prend pour objet des pratiques amateurs de détournement du jeu vidéo Grand Theft Auto V Online. Près de dix ans après la sortie du jeu, ils et elles sont des milliers à se retrouver quotidiennement au sein de ces espaces virtuels pour y pratiquer le « RP » (pour roleplay, « jeu de rôle »). C’est en marge des serveurs officiels que ces joueur·euses simulent les existences banales des personnages qu’ils et elles incarnent et semblent « décélérer » les mécaniques effrénées d’un jeu aux airs de dystopie urbaine moderne. 

Si l’on considère que le jeu Grand Theft Auto active en réalité une forme d’utopie néolibérale figée (Dyer-Witheford, de Peuter, 2009),  l’hypothèse émise par cette recherche est que les pratiques de ces joueur·euse·s (parfois administrateur·rice·s ou modérateur·rice·s de ces espaces “en marge”) constituent quant à elles des formes de « maintenance » et de performance à même de repolitiser et dégeler les structures du jeu originel. Ce projet s’inscrit au croisement des sciences de l’information et de la communication et des « maintenance and repair studies » (Denis et Pontille, 2018). Il vise donc à examiner de manière critique les relations entre les pratiques amateurs des « mainteneurs » et les logiques de production et d’innovation des industries vidéoludiques. Ce projet intègre une observation  participante au sein de GTA RP, sous les traits d’une jeune mécanicienne/chercheuse : Rachel Rosedell. Le travail (en miroir) de maintenance performé de Rachel constituant le nœud de ce projet de recherche-création. L’objectif étant de produire trois « artefacts de recherche » à la croisée des méthodologies employées.