Ce projet de thèse en recherche-création littéraire part d’une vaste question : celle de l’effet que peut produire un texte et plus précisément dans la vie de ses lecteur·ices.

Pour l’envisager, le projet se focalise sur un certain type de textes, les manifestes féministes publiés ou republiés depuis 2010. Ces ouvrages, aux appartenances génériques troubles, présentent la particularité de fournir à leurs lecteur·ices non seulement des clefs de lecture concernant des rapports de force genrés irriguant leurs vies, mais visent également à influencer leurs pratiques quotidiennes dans une perspective émancipatrice.

Le premier volet de cette thèse consiste en une analyse théorique des stratégies d’écriture et des dispositifs de publication destinés à apporter aux textes du corpus une dimension performative. La sélection des ouvrages qui le composent, repose sur deux critères. Il faut tout d’abord que le texte associe à un positionnement politique féministe explicite, une volonté d’innovation formelle et une dimension programmatique. Le second critère est qu’il ait été publié, republié ou ait connu un fort succès en France depuis 2010, soit le début de ce qui est souvent identifié comme la quatrième vague du féminisme.

L’analyse de ces ouvrages doit servir de point d’appui pour la mise en place d’un groupe de travail auquel il sera proposé des ateliers de lecture par arpentage, puis de discussion et d’écriture, construits à partir des œuvres précédemment analysées. Considérant que l’effet qu’un texte est susceptible de produire dépend notamment du cadre dans lequel il est reçu et de la manière dont il circule, ce dispositif entend créer un espace collectif permettant aux concepts d’être activés par le dialogue et remobilisés ou réappropriés par la création.

Le doctorat consiste en un récit expérimental de cette double expérience théorique et pratique, destiné à produire un savoir situé et hybride sur la puissance d’action de certains textes féministes et leur participation à la transformation et au soin des corps qui les reçoivent.

Biographie

Laurane Travagli-Chanal, fait des recherches, écrit des textes et les performe parfois. Son travail navigue quelque part entre fiction, écriture documentaire et recherche en théorie littéraire. Ses sujets de prédilections concernent l’élaboration et la diffusion des discours féministes contemporains, et l’influence des dispositifs de création et de circulation des textes dans la réception de ceux-ci. Consciente de ces enjeux, elle désire explorer les recoins d’une littérature qui se fait aussi hors des livres ou des circuits de diffusion traditionnelle et investit des pratiques d’écriture collective, de micro-édition et de lecture à voix-haute.

Titulaire d’un master en administration culturelle (Sciences Po) et d’un master en théorie de la littérature (Sorbonne Université/ENS Ulm/EHESS), elle découvre les ateliers d’écriture en travaillant comme médiatrice culturelle auprès de publics scolaires et du champ social à la Maison de la Poésie à Paris. Elle intègre par la suite le master de Création Littéraire de l’Université Paris 8 – Vincennes Saint-Denis. Diplômée en 2022, elle effectue depuis sa thèse dans cette même université sous la direction d’Olivia Rosenthal, et y dispense des ateliers d’écriture à destination des élèves de licence. Elle participe en parallèle à la création d’événements permettant le partage en présence d’une littérature expérimentale et vivante (festival Dis-la ça ira mieux, scènes ouvertes du collectif la Textape).

ÉQUIPE DU PROJET

Sous la direction d’ Olivia Rosenthal