Coline Rousteau, Faire voir l’exil au guichet

Coline Rousteau, Faire voir l’exil au guichet

DURÉE DU PROJET

2021 - 2023


PORTEUR(S) DU PROJET

Coline Rousteau


EN COLLABORATION AVEC
ESTCA (Paris 8), Centre Marc Bloch, Berlin

Faire voir l’exil au guichet  : une recherche-création sur la mise en espace et en images des gestions et affections bureaucratiques de la migration en France et en Allemagne

Ce projet de recherche-création en Arts et en Sociologie s’intéresse aux gestions et affections bureaucratiques de la migration en France et en Allemagne, à la dimension vécue – au travers d’une enquête ethnographique – et à la dimension perçue – au travers d’une réflexion sur la manière dont ces phénomènes sont représentés dans le cinéma et l’art contemporain, en articulant à la fois une recherche artistique et théorique. Il se propose ainsi de conjuguer une thèse écrite et la réalisation de diverses installations audiovisuelles qui s’appuieront sur des recherches de terrain.

C’est en prenant notamment appui sur L’art de l’enquête d’Aline Caillet que les dimensions d’enquête ethnographique et de recherche-création sont ici appréhendées comme en étant absolument indissociables, et fonctionnant par jeu de vases communicants. Plus spécifiquement, ce projet s’intéresse aux personnes qui font d’une certaine façon « tampons » entre l’État et les personnes demandant un titre de séjour, comme les agents officiers de l’OFPRA (Office Français pour les Réfugiés et Apatrides) en France et du BAMF (Office fédéral des migrations et des réfugiés) en Allemagne. Partant du constat qu’un espace bureaucratique tel que celui de l’OFPRA ou du BAMF est à même de transformer les individus, leur comportement et leurs affects, ce projet souhaite interroger les modalités d’interrelations entre un tel espace et les différents agents sociaux qui y évoluent, ainsi qu’entre les agents sociaux eux-mêmes. En s’appuyant sur la sociologie interactionniste et sur la notion de framing, il s’agit de s’approprier la perspective d’Alexis Spire sur l’asile au guichet, ou « politique des guichets », conçue comme sociologie des actes administratifs pris au niveau de l’interaction entre les fonctionnaires « de terrain » et le public ciblé.

La réalisation d’une enquête ethnographique sur l’asile au guichet en France et en Allemagne constitue ainsi un point d’ancrage pour tenter dans un second temps de visualiser, matérialiser ou encore spatialiser ces espaces et les procédures bureaucratiques de demande de visa ou d’asile ; ce dans le cadre d’une recherche plastique et visuelle qui se veut participative. Conjointement, parmi les images de migrant.e.s qui sont véhiculées aujourd’hui et construisent nos perceptions plus ou moins imaginaires de l’exil, il s’agit de se demander lesquelles témoignent des mécanismes sociaux à l’œuvre dans les bureaucraties de la migration française et allemande. Les différents éléments récoltés seront enfin mis en commun et donneront lieu à une sorte de cartographie visuelle et spatiale faite de ces différentes subjectivités qui sont reliées entre elles dans la chaîne bureaucratique de la migration. Par là-même, ce projet espère mettre en forme, si ce n’est pas répondre (à), la question posée par Vincent Dubois – « Comment un problème qui se donne comme personnel est-il traduit en termes administratifs ? Quelles sont les normes intériorisées par les individus ? » – par le biais d’une méthodologie de recherche-création participative.

Carnet de recherches-créations au croisement de l’enquête en sciences sociales et de l’art de l’enquête : Frontièroscope


Diplômée de Sciences-Po Lille et de l’École Normale Supérieure de Lyon, et après avoir effectué un Master de Philosophie, Politique, Économie, ainsi qu’un Master de « Pensées du cinéma », Coline Rousteau a entamé la réalisation d’une thèse de recherche-création au sein de l’École Universitaire de Recherche EUR ArTeC. Sa thèse porte le titre suivant : « Faire voir l’exil au guichet : une recherche-création sur la mise en espace et en images des gestions et affections bureaucratiques de la migration en France et en Allemagne », et se fait sous la direction de Dork Zabunyan et Nathalie Delbard. Elle est également doctorante associée du Centre Marc Bloch (Centre franco-allemand de recherche en sciences sociales – association de droit allemand) sous la tutelle de Nikola Tietze.

Plus largement, son travail porte sur les interrelations entre pratique artistique et recherche en sciences (humaines et) sociales. Elle s’interroge notamment sur les limites propres à ces disciplines, à la fois au regard d’une perspective scientifique ou heuristique, mais aussi et surtout au regard de leur potentiel d’inclusion, ou inclusivité. Il s’agit alors pour elle de tenter de dégager l’intérêt d’une approche transdisciplinaire et mobilisant la recherche-création.



ÉQUIPE DU PROJET

Direction : Dork Zabunyan, Professeur en Études cinématographiques à l’Université Paris 8, au sein du laboratoire ESTCA (Esthétique, sciences et technologies du cinéma et de l’audiovisuel).

Co-direction : Nathalie Delbard, Professeure en Arts plastiques à l’Université de Lille, au sein du laboratoire CEAC (Centre d’Etudes des Arts Contemporains).

Doctorante associée du Centre Marc Bloch à Berlin : sous le tutorat de Nikola Tietze, chercheuse au sein du Centre Marc Bloch. Ses recherches portent sur les conflits concernant l’accès aux droits sociaux et à l’égalité de traitement dans l’espace transnational, constitué par la CE/UE, d’un côté, et l’action publique française et allemande, de l’autre.

Guest Student au sein de la Weissensee Kunsthochschule à Berlin : sous le tutorat de Hannes Brunner, artiste et enseignant au sein du département Sculpture/Bildhauerei.