Faire communauté(s) face à l’écran de cinéma

Faire communauté(s) face à l’écran de cinéma

PORTEUR(S) DU PROJET

Morgan Corriou, Caroline Damiens, Mélisande Leventopoulos


EN COLLABORATION AVEC
EA 4414 Histoire des arts et des représentations (HAR), ESTCA (Paris 8), EA 3388 Centre d'études sur les Médias, les Technologies et l'Internationalisation (CEMTI)

Ce projet résulte de la réflexion impulsée lors de l’atelier méthodologique « Community Building at the Cinema » (MSH Paris-Nord, 14 juin 2019). Il entreprend d’interroger les interactions intra et intercommunautaires suscitées par l’implantation des projections cinématographiques en dehors des pôles dominants de la production de films dans la première moitié du XXe siècle. Le projet articule un programme de recherche mobilisant l’histoire sociale et culturelle, l’anthropologie, les sciences de l’information et de la communication et les études cinématographiques, avec des recherches en archives sur des terrains peu explorés, la constitution d’un réseau international de chercheur.es, une programmation de films et un volet formation (avec l’organisation d’un séminaire et la participation de professeur·es invité·es).

Le public de cinéma peut être compris comme un groupe en permanente restructuration et réinvention, variant selon le film mais aussi les identités culturelles, ethniques, nationales, religieuses des spectateurs qui le composent. Or ce collectif mouvant au fil des séances mérite d’être confronté plus frontalement qu’il ne l’a été jusqu’à présent dans les études historiques aux trajectoires des communautés le fréquentant. En quoi le spectacle cinématographique fait-il communauté ? Doit-il être considéré comme une instance de division ou un moteur consensuel au sein de celles-ci ? Comment se forgent les publics en situation de domination ? Rares sont les travaux historiques sur les rapports entre le cinéma et le « faire communauté » en dehors du cadre colonial et des rapports de pouvoir particuliers qu’il induit. D’autres études de cas ont porté sur l’aire occidentale, c’est-à-dire des territoires possédant leur propre industrie cinématographique et leurs propres représentations nationales depuis les premiers temps du média. Ces études n’ont toutefois pas engagé de réflexion d’ensemble pour la compréhension de ces phénomènes.

Il s’agit pour nous de déplacer ces questionnements sur des terrains peu étudiés où la notion de communauté constitue une entrée pertinente et où les enjeux transnationaux se posent de façon cristallisatrice. La notion de communauté nous permet d’appréhender des groupes qui existent a priori en dehors du temps de projection et dont l’existence n’est pas uniquement déterminée par le film. Nous nous intéressons aux communautés dites « fragiles », qui ne disposent pas ou peu d’institutions destinées à construire l’identité de groupe, dans des régions où coexistent différentes communautés. C’est la raison pour laquelle nous avons privilégié des territoires multiculturels et multilingues de différents statuts : sous le joug colonial stricto sensu (Maghreb), dans une situation semi-coloniale (Balkans) ou subissant un impérialisme qui se déclare anticolonial (Sibérie soviétique).

En jonglant entre différentes échelles d’analyse, nous voudrions interroger les dynamiques collectives au sein des publics de cinéma pour découvrir ce qui se situe en deçà de la notion abstraite de « public de masse ». Le projet entend questionner deux types de processus : les phénomènes d’homogénéisation culturelle et ceux de coexistence, forcée ou consentie, entre des groupes multiples au sein d’un même territoire en explorant le large éventail de pratiques collectives politiques et sociales émergeant au sein et en marge des espaces de projection.

© crédit photographie, MAE, Centre des Archives diplomatiques de Nantes, Protectorat Tunisie, fonds iconographique, 50TU/1/217-44

 

 



ÉQUIPE DU PROJET

Morgan Corriou (MCF, CEMTI, Paris 8), Caroline Damiens (MCF, HAR, Paris Nanterre), Mélisande Leventopoulos (MCF, ESTCA, Paris 8)

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