Écologies matérielles et spiritualités

Écologies matérielles et spiritualités

DURÉE DU PROJET

2019 - 2021


PORTEUR(S) DU PROJET

Thierry Dufrêne Professeur d’histoire de l’art contemporain HAR - Université Paris Nanterre


EN COLLABORATION AVEC
EA 4414 Histoire des arts et des représentations (HAR), EDESTA (Paris 8), National Museum Institute Janpath (NMI), New Delhi, Indian Institute of Technology Kharagpur (IIT), Varanasi 

Le penseur srilankais Ananda Coomaraswamy (1877-1947) a été le premier en 1913 à utiliser le terme « post-industriel » (voir Coomaraswamy, Arthur Penty, Essays in Post-Industrialism: A Symposium of Prophecy concerning the Future of Society). Il formulait l’utopie d’une société décentralisée, multiculturelle, s’opposant à l’uniformisation et à la concentration des sites industriels et des agglomérations urbaines.

Cette utopie était dans la droite ligne de « la géographie imaginaire » de l’Inde et particulièrement de Bénarès (Varanasi) telle que l‘ont construite les œuvres et les relations des artistes voyageurs de langue française et anglaise entre 1880 et 2019. Dans les années 1960-1970, brille comme un aimant pour les Occidentaux la destination de l’Inde ou de Katmandou, dans le contexte du Flower Power. Il s’agit alors de tirer parti de la liaison sans pareil mais aussi largement mythifiée, entre spiritualité, développement de soi et harmonie entre homme et nature. En 1985, Jean-François Lyotard rappelle que le terme sanskrit mâtram signifie « matière et mesure (racine mât : faire avec la main, mesurer, construire) ». Après que l’Inde a réalisé sa « révolution verte » et un développement industriel anarchique et inégalitaire, Bénarès (Varanasi) a été qualifiée en 2018 par Libération de « ville la plus toxique » d’Inde. Comment en est-on arrivé là et surtout comment en sortir ?

Artistes, danseurs, acteurs, associations, etc. élaborent aujourd’hui en Inde des représentations et des spectacles qui actualisent et réinventent les comportements éthiques et écologiques dont le patrimoine indien est empreint. Quant aux artistes occidentaux, beaucoup créent, développent des projets en lien avec l’Inde et les propriétés spirituelles et esthétiques qu’ils y puisent ou projettent. 

Par l’étude et la confrontation de ces propositions artistiques, notamment autour de l’eau, du Gange, des villes de Delhi et de Varanasi, le projet cherche à établir en quoi les spiritualités du subcontinent indien peuvent nous permettre de corriger certains biais néfastes de nos matérialismes technologiques et consuméristes. Du point de vue du chercheur, quels rapports construire entre l’approche scientifique et la pensée éthique de responsabilité ?