
2025
Ophir Levy, maître de conférences en études cinématographiques, université Paris 8, ESTCA Soko Phay, professeure en histoire et théorie de l’art, université Paris 8, en délégation CNRS à l’UMR CRAL/EHESS
Le projet vise à réfléchir, un demi-siècle après l’entrée des Khmers rouges à Phnom Penh, sur les effets que ce meurtre de masse, l’un des plus effacés de l’histoire du 20e siècle, continue d’exercer, non seulement sur les survivant.es, mais aussi sur la génération suivante, en particulier celle de la diaspora, éloignée de l’événement à la fois par le temps et par l’espace. Comblant le vide scientifique sur ces questions et construit dans une perspective interdisciplinaire, il portera une attention privilégiée au rôle de l’art et de la littérature dans le travail d’élaboration et de transmission du passé.
Il s’articule autour de trois concepts. Le premier, créé par Marianne Hirsch, est celui de postmémoire, par lequel elle désigne la manière dont les générations suivant celle des victimes tentent de reconstruire l’événement traumatique, par l’intermédiaire des traces qu’elles peuvent trouver dans les récits, les correspondances, les objets ou les photographies. Le second concept est celui de post-exil, par lequel Alexis Nuselovici décrit la transmission des expériences exiliques d’une génération à l’autre et la manière dont les jeunes vivent aux aussi une forme de déracinement et de souffrance ontologique. Un point de convergence entre Hirsch et Nuselovici est le rôle de la création dans ces processus psychiques. Par le biais des œuvres d’art ou des récits littéraires, ces jeunes peuvent se représenter un monde et un passé inaccessibles, mais également en découvrir les implications dans leur vie et envisager une forme de réparation. Pour cela, ils doivent entreprendre une démarche auprès de leurs aîné.es afin de briser leur silence, ce que Janine Altounian appelle la transmission à rebours.
Il s’agit à la fois de rendre compte des nouvelles écritures inventées par les artistes de la jeune génération de la diaspora cambodgienne et de trouver des formes originales de recueil, d’écriture et de transmission de leur expérience et de leurs œuvres.
Le projet conduit à l’organisation d’un séminaire, d’une journée d’étude, d’un colloque international au forum des images à l’occasion de la commémoration des 50 ans du génocide cambodgien, de deux masterclasses, de projections-débats et d’une exposition.
©CHAN Vitharin, Bokor, 2005
REVUE DE PRESSE
Le projet de recherche, ainsi que l’ensemble des événements organisés au Forum des images dans le cadre de la commémoration des 50 ans du génocide cambodgien, ont bénéficié d’une large couverture médiatique, notamment dans des journaux tels que Libération, Historia, L’Humanité et En attendant Nadeau.
Des images pour raconter le génocide : entretien avec Soko Phay » par Paul Bernard-Nouraud En attendant Nadeau, avril 2025
« Qui se souvient du génocide cambodgien ? » au Forum des images : « Les Khmers rouges ont effacé toutes les photos d’avant le 17 avril 1975 ». Entretien avec Pierre Bayard et Soko Phay par Michaël Mélinard, Humanité, 15 avril 2025
« 50 ans après le début du génocide cambodgien, le cinéma au service de la mémoire » par Florence Colombani, Le Point, 16 avril 2025
17 avril 2025, RFI, « Au cinéma ou en roman illustré le génocide cambodgien se commémore en image », dans l’émission « Sur le Pont des arts » de Marjorie Bertin. Participation de Soko Phay avec Séra, Roshane Saidnattar
« Kamtech, le génocide perpétré par les Khmers rouges », dans l’émission « La marche du monde » de Valérie Nivelon. Participation de Soko Phay avec Rithy Panh, Jean-Baptiste Phou et Anne-Laure Porée, 26 avril 2025, RFI