Journée de travail et d’études sur l’image, la captation et la trace documentaire des actions rituelles vodou

Journée de travail et d’études sur l’image, la captation et la trace documentaire des actions rituelles vodou

Date

05/12/2022 - 05/12/2022


Lieu

Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord 20 av. George Sand 93210 Saint-Denis Métro Front Populaire (ligne 12) – salle 414 (4e étage)


Infos pratiques

RÉSERVATION OBLIGATOIRE stepoliakov@hotmail.com et nicot.fabrice@gmail.com

De 2015 à 2021 un ensemble de cérémonies vodou et d’actions entre la performance, l’atelier et l’action rituelle ont été filmées en Haïti, à Paris, en Creuse et en Pologne autour du travail de terrain de Fabrice Nicot, des projets de l’Université Paris 8, dans le cadre de la MSH Paris Nord, du projet Les arts vivants du vodou haïtien mené au sein de l’EUR ArTeC associant l’Université d’État d’Haïti, les Universités de Nanterre et Paris 8 et l’Institut Grotowski à Wroclaw.

Les contextes de ces captations ont été différents : accès à des cérémonies villageoises, initiations, ateliers de théâtre in situ à Jacmel (Lakou de Mme Nerval dirigé par mambo Nini) et Cap Haïtien (Lakou Legphibao fondé par Marie Carmele Mentor), contexte pédagogique à l’Université en Haïti et en France, cours de théâtre (Cours Florent…), festivals, représentation dans des théâtres, laboratoire ou résidence de travail à l’Institut Grotowski, village alternatif de La Creuse à Faux-la-Montagne et dans le site de création artistique de Lavauzelle.

L’organisation du travail pratique a toujours supposé la présence d’une cérémonie parfois adaptée ou réduite par la nécessité du contexte, cherchant à préserver, dans tous les cas, « l’efficacité » ou l’action rituelle dans un certain rapport avec l’action théâtrale (quelque chose arrive).

Ces cérémonies publiques ou ces ateliers de préparation et d’effectuation des rituels (Illuminations, venue de tel ou tel loa, mariage, évocation de deuil, etc.) supposent toujours l’organisation de l’espace (poto mitan ; emplacement des tambourineurs ; tables des objets ; disposition du public de participants) dans lequel la caméra et la présence de celui ou celle qui filme sont comprises. Il s’agit d’intégrer l’élément de la captation à l’effectuation avec une présence constante de l’enregistrement avec le moins d’artifice possible.

L’œil de la caméra est conduit par une figure dédiée (Fabrice Nicot, Laurent Wittmer, Mariama Diallo, Maude Soubeyrand) avec quelques particularités techniques (son, points de vue) du fait de séquence dynamiques dans l’espace (intérieur, extérieur, stations, changement de rôle, enchaînements de plusieurs rituels dans une même cérémonie). La cérémonie suppose un jeu de regard entre les participants et une spatialisation sonore des chants qui orientent le déroulement.

L’image rencontre un processus mémoriel, la question des images (vévé ; imageries catholique ou patriotique détournées ; images mentales ou évoquées ; statue ; transformation des visages et des corps par les attitudes, les gestes, les danses en présence effective des loa).

La présence des quatre points cardinaux (salutation aux quatre façades), marqués au début et au cours des cérémonies, les superpositions d’espace, avec la réapparition de l’espace du lakou quel que soit le lieu effectif de la performance rituelle, la création d’un espace sonore, les déplacements extérieurs et intérieurs, le processus d’interaction participatif avec le public ou les personnes présentes sont autant de points d’entrée pour une réflexion autour de l’appropriation spatiale (portes, niches, seuils…, architecture d’une salle de théâtre, poto mitan, espace réservé du vestiaire où se remettent les actuants rituels) et de la captation des images par le choix des points de vue, la présence des officiants, du public en présence, des musiciens, la participation du preneur, de la preneuse d’images.

Il y a bien sûr des différences importantes entre un péristyle haïtien et une salle de répétitions ou de spectacles, une salle de cours. Les processions, la question du plein air posent des questions proprement théâtrales qui peuvent, sur certains points, rejoindre celles de la captation du processus théâtral surtout lorsqu’il s’agit d’un théâtre-laboratoire.

A travers des témoignages, des projections de matériel monté ou en cours, de films, de discussions ou de partage d’expérience, il s’agira de réfléchir ensemble à la trace, au matériel documentaire, à la mémoire, à l’image dans un questionnement qui croise l’anthropologie, les arts du spectacle et l’esthétique, les questionnements cinématographiques anthropologiques.

PROGRAMME

9h45 : Accueil Maison des Sciences  de l’Homme Paris Nord, Salle 414, 4e étage

10h : Présentation générale du projet, Les arts vivants du vodou haïtien (réalisation, calendrier, projets en cours). F. Nicot et S. Poliakov, (co-porteurs du projet)

10h15 – 11h00 : Autour des films de rituels, performances et ateliers artistiques sur la recherche Les arts vivants de la « transformation » du vodou haïtien. Créer et transmettre avec les communautés Mme Nerval (Jacmel) et Legphibao (Cap haïtien), menée depuis 2016 en Haïti et Europe

Rappel des enjeux de la recherche. Problématiques liées à sa captation vidéo, au montage et ses présentations publiques filmiques

Fabrice Nicot, doctorant Paris 8, co-porteur du projet Les arts vivants du vodou haïtien, metteur en scène, professeur d’art dramatique. Films et présentation

11H00– 11h15 Pause

11h15 –12h00 : Mémoire documentaire, mémoire filmique ou visuelle. Entre théâtre et performance rituelle

Stéphane Poliakov, MCF Département Théâtre Paris 8, co-porteur du projet Les arts vivants du vodou haïtien, metteur en scène, comédien

12h00 –12h30 Confrontation de deux expériences : du vaudou haïtien aux religions afro-brésiliennes, documenter les différences rituelles

Du stage à l’Institut Grotowski de Wrocław organisé par Fabrice Nicot et Stéphane Poliakov en juillet 2021 est née mon envie de travailler sur les rituels de matrice afro. Mon séjour de recherche au Brésil, l’été suivant, a initié ma recherche de post-doc entre l’anthropologie et les études théâtrales. Grâce à une méthodologie théorique et visuelle, fondée sur les photos, vidéos, et entretiens avec des mãe et pai de santo, j’ai documenté les différences entre le vaudou, le batuque/nação, l’umbanda et la quimbanda et le candomblé, du Sud au Nord du Brésil.

Hélisenne Lestringant, docteure en études théâtrales, performeuse, enseignante ATER Paris 8

12h30 – 13h00 : “Le Vaudou dans les filets de l’ethnocentrisme.” 

Jean-Marie Pradier, Professeur émérite de l’Université Paris 8, co-fondateur de l’Ethnoscénologie

13h00– 14h : Pause déjeuner

14h – 15h30 : Les rapports entre caméra et vodou haïtien

L’intervention s’appuie sur l’histoire du film inachevé de Maya Deren Divine Horsemen et sur les extraits de deux captations de la performance rituelle Franchir la barrière

Maude Soubeyrand, cinéaste-chercheuse. Film et présentation

15h30 – 15h45 : Pause

15h45 – 16h15 : Collecter la mémoire de l’autre. Intervention en visioconférence

Sur les enjeux de la collecte (enregistrement) dans les arts performatifs de transmission orale. Comment saisir – dans une activité noble mais qui relève du bricolage – quelque chose qui outrepasse la seule forme musicale et rituelle ? La réflexion s’appuiera sur une expérience personnelle en Haïti, prolongée par l’invitation d’une équipe haïtienne en France

Jean-François Favreau, docteur en lettres, directeur du site de pratiques théâtrales de Lavauzelle, metteur en scène, comédien

16h15 – 16h45 : De la comédienne à la metteuse en scène, de la mambo à Médée Erzulie : Travailler théâtralement l’image du vaudou

Carline Colagène Chignard, étudiante Paris 8 en Master TPS et en licence 2 de cinéma, comédienne, metteuse en scène

16h45 – 17h45 : Discussion générale avec les intervenants précédents, Laurent Wittmer (service vidéo UFR Arts Paris 8), Marie-Suze Jean-Baptiste (mambo et artiste haïtienne), Mariama Diallo (étudiante EUR ArTeC et Paris 8) en visioconférence et le public