Écrire une histoire décentrée et croisée du spectacle cinématographique : Enjeux épistémologiques et méthodologiques

Écrire une histoire décentrée et croisée du spectacle cinématographique : Enjeux épistémologiques et méthodologiques

Date

28/11/2023 - 30/11/2023


Lieu

Musée du quai Branly 37 Quai Jacques Chirac, 75007 Paris


Infos pratiques

En accès libre sur réservation : fairecommunaute@eur-artec.fr Le mardi 28 novembre 2023 de 09h30 à 18h30 Le mercredi 29 novembre 2023 de 09h30 à 18h30 Le jeudi 30 novembre 2023 de 09h30 à 18h30

À la croisée de l’histoire, des études cinématographiques et de l’anthropologie, le projet de recherche « Faire communauté(s) face à l’écran : vers une histoire décentrée et croisée du spectacle cinématographique », initié en 2021, entend questionner les identités des publics de cinéma et des intermédiaires gravitant autour du spectacle cinématographique au XXe siècle dans une perspective transnationale et comparative à l’échelle globale. Après plusieurs ateliers (consacrés aux circulations cinématographiques autour de la Méditerranée, au cinéma itinérant par-delà les premiers temps ainsi qu’à l’histoire sociale de la distribution) et un séminaire en ligne sur trois ans (2021-2023), le projet se clôturera par un colloque international les 28-30 novembre 2023, organisé en présentiel, au musée du quai Branly, à Paris.

Le colloque se propose d’aborder les mutations des collectifs qui se forgent au contact du spectacle cinématographique en-deçà et au-delà des frontières nationales. Dans ce constant va-et- vient entre cinéma et communautés, c’est non seulement le film, mais aussi l’expérience de la séance qui remodèle et réinvente les identités culturelles, ethniques, nationales et religieuses des spectateurs et spectatrices, ainsi que les trajectoires des communautés fréquentant les espaces de projection. Nous souhaitons accorder une place particulière aux interactions sociales très diverses qui se nouent au sein et au dehors des espaces de projection, en nous concentrant plus particulièrement sur les industries médiatiques non hégémoniques.

Ce faisant, le colloque entend contribuer au décentrement des recherches sur la distribution, l’exploitation et la réception du cinéma trop longtemps cantonnées à l’Europe occidentale et à l’Amérique du nord (Allen 2008 ; Biltereyst, Maltby, Meers 2019). Des décennies d’études postcoloniales ont pu montrer que le monde appréhendé depuis les centres métropolitains des empires se révèle fort différent de celui vécu dans ce qu’on dénomme, de manière souvent rapide et imprécise, leurs « périphéries » ou leurs « marges ». Sans pour autant exclure l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord des terrains d’étude, ce colloque invite à s’intéresser aux espaces dépourvus d’une puissante industrie cinématographique et/ou aux territoires fréquemment considérés dans une relation asymétrique avec les centres occidentaux supposés incarner la modernité culturelle de la fin du XIXe siècle.

Dans un article fondateur, Richard Maltby (2006) appelait l’histoire du cinéma à prendre toute sa place dans les sciences humaines en « investissant l’histoire sociale dont elle est partie prenante ». Cet objectif n’aurait pas été pleinement atteint selon Judith Thissen (2019) qui critique « l’insularité de l’approche de l’étude de cas locale », une approche qui tend à masquer les processus sur le temps long et entrave la production de cadres explicatifs signifiants. Il s’agit notamment de se déprendre d’une approche trop exclusivement centrée sur le médium d’une part ou sur l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord d’autre part. Selon quels termes ces approches sont-elles susceptibles de renouveler notre compréhension épistémologique du champ ? Comment faire coexister les différentes échelles d’analyse — locale, régionale, nationale, impériale ? Il s’agit ici de ne plus penser les « périphéries » en termes de marges, de déviations ou d’alternatives, mais bien comme des lieux à partir desquels reconceptualiser l’histoire du cinéma.

Programme complet