27/06/2019 -
École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD). Salle 308.
INSCRIPTION OBLIGATOIRE PAR MAIL
Journée d’étude: « Après les réseaux sociaux. Pratiques, esthétiques et éthiques d’une écologie des Contenus Générés par les Utilisateurs.»
En réponse à la massification de la production de textes et d’images liée à l’essor des plateformes de réseaux sociaux en ligne, de plus en plus d’artistes empruntent, citent et réinventent dans leurs œuvres des Contenus Générés par les Utilisateurs (CGU).
L’essor de ces pratiques d’appropriation et de détournement semble signaler la généralisation de l’attitude incarnée par l’artiste Douglas Huebler, qui déclarait dès 1969: « Le monde est rempli d’objets, plus ou moins intéressants; je n’ai pas envie d’en ajouter davantage ». Aujourd’hui, les artistes s’approprient des textes et des images issus d’Internet. Considérées dans leur ensemble, ces œuvres nous questionnent sur le devenir des CGU, au statut encore largement indéterminé, à la fois documents et créations à part entière. Elles nous invitent également à interroger les dispositifs d’éditorialisation des réseaux sociaux eux-mêmes, dont les artistes reproduisent, moquent ou subvertissent les mécanismes.
Le terme de « recyclage » semble en effet identifier les CGU à des détritus numériques, que la créativité de l’artiste élèverait au rang d’art en leur ajoutant du crédit symbolique et culturel. À l’inverse, la notion humaniste d’ « écologie » invite à envisager le réemploi comme un changement d’environnement, dotant l’objet approprié de fonctionnalités et de significations nouvelles alors qu’il était condamné à l’oubli par l’hyperproduction numérique contemporaine. Penser ces pratiques artistiques à l’aune d’une écologie des médias permet d’en considérer les productions comme des objets privilégiés pour l’étude de l’écosystème médiatique, social et politique des réseaux sociaux. C’est à l’aune de ces questions que les artistes, universitaires et professionnels de la journée essaieront de réfléchir, dans un esprit interdisciplinaire mêlant la pratique artistique et la réflexion théorique sans oublier le travail des acteurs culturels permettant la valorisation et la diffusion de ces oeuvres.
Programme de la journée d’étude:
8H30
Petit déjeuner
9H00
Mot d’ouverture par Allan Deneuville et Gala Hernández
I. Perspectives – Modération: Chloé Galibert-Laîné – 9H20-11H00
Ervina Kotolloshi, La modularité des ready-mades numériques au théâtre : entre dilution des sources et érosion des contenus
Alice Lenay, Penser les « vidéos de compagnie ». Sur quelques travaux documentaires contemporains («Au milieu des nouveaux media», Numéro 30 de la Revue Documentaires)
Edmond Ernest dit Alban, Collaboration ou Confrontation? Le management des CGU dans le média mix otaku 1990-2010
Questions
11H00 – Pause café
II. Publications – Modération: Allan Deneuville – 11H10 – 12H20
Bérénice Serra, PUBLIC : une mise en circulation de portraits anonymes à l’abandon
Rémi Forte, Programme poétique, système typographique
Questions
12H20 – 13H10 Pause déjeuner
III. Curation – Modération: Allan Deneuville – 13H10 – 14H20
Natacha Seweryn, Réaliser des films avec des vidéos qu’on n’a pas tournées : enjeux de la diffusion d’oeuvres atypiques en France depuis 2012
David Desrimais, Pratique et poétique de l’édition à l’heure numérique
Questions
14H20 – Conférence de Franck Leibovici + Questions
15H20 – Pause café
IV. Identité(s) – Modération: Gala Hernández – 15H30 -16H40
Françoise Chambefort, My little identity, un exemple de transformation générative des CGU illégal mais éthique ?
Seumboy Vrainom :€, Itinérance pour une terre rare (conférence performée)
Questions
16H40 – Mot de fin
17H00 – Fin de la Journée d’Étude
18H00 – Soirée de projection de films – École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Amphithéâtre des Loges.
Présentation et modération: Chloé Galibert-Laîné et Gala Hernández.
Rémy de Guillaume Lillo (France, 2018, 30min)
(Self) Exhibitions de Florencia Aliberti (Espagne, 2015, 14min)
Sitting in Darkness de Graeme Arnfield (Royaume-Uni, 2015, 15min)
Pour clôturer la journée d’étude nous proposons la projection de trois courts-métrages qui remploient des Contenus Générés par les Utilisateurs en adoptant des stratégies très différentes. Si Guillaume Lillo détourne des vidéos de YouTube pour en faire une fiction tragicomique en caméra subjective grâce à une voix off à la première personne, Florencia Aliberti construit des constellations d’images extimes issues de webcams d’adolescents afin d’identifier les gestes et les mots prégnants d’une jeunesse surexposée en ligne et Graeme Arnfield tente de cerner un évènement passé à partir des traces que les témoins de celui-ci ont laissé disséminées sur le Web. Comment et pourquoi ces artistes se sont-ils appropriés de ces images trouvées pour créer leurs films ? Les réalisateurs seront présents pour débattre avec le public après la projection.
Comité d’organisation:
Allan Deneuville (Doctorant ArTeC)
Chloé Gallibert-Laîné (Doctorante PSL-ENS)
Valérian Guillier (Doctorant Labex Arts H2H)
Gala Hernandez Lopez (Doctorante EDESTA- Paris 8)