Découvertes du cinéma muet italien dans les collections du CNC, 19, 20, 21 nov.

La collection films du CNC présente un grand nombre de copies italiennes uniques, de genres cinématographiques variés. Elle est encore riche d’énigmes et de véritables curiosités qu’il conviendra d’examiner sous un jour nouveau. Les non fictions consacrées à la Première Guerre Mondiale en Italie, dont celles du célèbre réalisateur Luca Comerio, croisent des films de voyage allant de la Sicile au Pôle Nord, ou encore les longs métrages mythiques, aujourd’hui encore totalement méconnus, interprétés par la sulfureuse Italia Almirante : Femmina (Augusto Genina, 1918), L’ombra (Mario Almirante, 1923). Avec émotion, on y découvre les premières bandes italiennes, tournées entre 1897 et 1899, mettant en scène le transformiste Leopoldo Fregoli. Celui-ci ouvre la voie aux champions du burlesque cisalpin : Cretinetti (André Deed, d’origine française) et Polidor (Ferdinand Guillaume), flirtant avec un surréalisme délirant. La comédie tardive que Polidor interprète en 1921 aux côtés de l’aventurière Astrea, véritable maciste au féminin, offre un bel exemple de transformation des rôles habituellement assignés aux actrices (L’ultima fiaba / L’ultima avventura di Astrea e Polidor, 1921). Les films d’aventure avec le sensationnel Emilio Ghione (Il circolo nero, 1913) prennent place aux côtés des films prestigieux de la Film d’Arte Italiana tels que Phèdre (1910) ou Una tragedia alla corte di Milano (1912). Ce dernier met en scène l’un des plus fameux tandems d’acteurs-réalisateurs de l’histoire du cinéma italien, les divi Francesca Bertini et Gustavo Serena, dans une histoire d’adultère et de rivalité amoureuse. On trouve aussi dans cette collection des films inclassables où le théâtre occupe une place centrale, comme dans Cuor di poeta (Edoardo Bencivenga, 1913), qui raconte les vicissitudes d’une petite troupe itinérante qui tente de monter sur scène Tosca de Victorien Sardou et voit, par surprise, l’auteur venir assister à la représentation de son œuvre.

Dans le cadre du colloque international, Découvertes du cinéma muet italien dans les collections du CNC, il s’agira de réunir plusieurs chercheurs de différentes nationalités et conservateurs d’institutions patrimoniales, spécialisés dans les fonds liés au cinéma muet italien et français. Ensemble nous consulterons, analyserons et commenterons les fonds films et non-film conservés à la direction du patrimoine du CNC. L’objectif est d’opérer une redécouverte de ce cinéma, en soulignant sa richesse par une confrontation entre plusieurs champs disciplinaires avec lesquels il dialogue : peinture, sculpture, musique, théâtre, danse, photographie, littérature... Nous travaillerons sur un corpus de plusieurs films muets italiens sélectionnés en amont avec le CNC ainsi que sur soixante scénarios de production de la Film d’Arte Italiana conservés à la Bibliothèque de la direction du patrimoine et numérisés à l’occasion de ce colloque. Les échanges seront animés par une véritable volonté de décloisonnement et mettront l’accent tant sur des problématiques historiques et esthétiques que sur des questions de conservation, de méthodologie de la recherche, et d’archéologie des médias, offrant un renouvellement sur l’ensemble de la période étudiée. Ce travail collaboratif, aux croisements de plusieurs approches, à partir de films et documents encore très peu connus, voir pour certains inédits, permettra de mettre en évidence la richesse et l’inventivité du cinéma muet italien, mais aussi son rayonnement international.