Leur œuvre commune, qui débute au sortir de ce long conflit qui a déchiré le Liban, et tout particulièrement la capitale Beyrouth (dans laquelle ils sont nés tous deux), est marquée par les traces, les traumas, les problématiques territoriales et mémorielles liés à l’histoire cruelle de leur pays, mais en connexion directe avec un état général du monde autant qu’avec l’extrême contemporain. « Nous ne montrons pas d’images de guerre, nous montrons ce que la guerre fait aux images », ont-ils pu affirmer. Construite à partir d’archives (aussi bien exhumées et trouvées que formées par des documents personnels), d’images réalisées par eux, d’objets construits ou manufacturés et de textes, leur démarche artistique relève autant de la poétique, de lapoïétique que du politique. Il s’agit de rendre manifestes les non-dits de l’histoire, de produire une résistance aux discours officiels et d’interroger « les conditions du visible », à travers une multiplicité d’actions sur les images (destruction, contournement par le texte et le récit, acceptation de leur présence, bien plus fantomatique, que symbolique). Ajoutons seulement que leur œuvre, souvent bâtie sur des douleurs aussi bien intimes que collectives, sait aussi se faire ironique, « rêveuse », d’une légèreté humoristique qui en fait le caractère aussi précieux que réjouissant (dès leur premier long-métrage, Autour de la maison rose, en 1999, le burlesque contrebalance la noirceur de la situation, qui voit des exilés se faire exproprier de la maison dans laquelle ils avaient trouvé refuge à Beyrouth).
Programme de la chaire internationale