Le digital storytelling est une forme spécifique de storytelling pratiquée par des gens ordinaires qui utilisent les outils numériques pour raconter leur « histoire » à travers des formats convaincants et émotionnellement attrayants. Mise au point dans les années 1990 notamment par Dana Atchley et Joe Lambert de l’école de Berkeley (Center for Digital Storytelling), cette approche repose sur une méthodologie comprenant sept critères de l’écriture au montage : point de vue, question dramatique, contenu émotionnel, économie de moyens, rythme, voix, musique.
Initialement prévu délocalisé à Athènes, l’atelier-laboratoire s’est tenu à distance, en visioconférence, du 8 au 18 mai 2020. Cette situation a remis en question l’approche pédagogique visant à confronter les étudiants avec une autre réalité — celle d’Athènes, durement éprouvée par la crise de 2008 et l’afflux de migrants — pour faire émerger un point de vue personnel et un regard critique sur leur propre histoire, et plus largement, sur la société dans laquelle ils vivent.
Les contraintes liées à la crise sanitaire du coronavirus ont imposé leur thème : confinement et distance sociale. Dans ce contexte inédit, l’idée centrale de l’exercice du digital storytelling fut d’inviter les étudiants à réfléchir aux conséquences sociales et psychologiques de la quarantaine et à présenter leur propre expérience tout en insistant sur un message clé concernant cette expérience humaine. Comment ont-ils vécu les cinquante jours de confinement et passage au déconfinement ? Qu’ont-ils appris sur eux-mêmes ? Quel regard portent-ils sur cette situation inédite ?
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Hyewon Kim : « Limerence »
Étudiante coréenne, Hyewon Kim interroge le sentiment de solitude qu’elle a ressenti pendant le confinement : être seul. Qu’est-ce que c’est d’être seul ?
Sous la forme d’un journal intime mêlant des images prises avant, pendant et après le confinement, son travail de création vidéo est une prise de conscience de la solitude comme expérience humaine partagée. Avant de sortir à nouveau et de reprendre une vie normale, elle interroge notre condition d’être seul, exacerbée par le confinement et la distance sociale.
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Estelle Hamonet : « J’aime la solitude »
Le confinement a été bénéfique pour Estelle Hamonet, bénéfique en termes de développement personnel. C’est un moment privilégié qui lui a permis d’apprendre des choses sur elle, de mieux se connaître et de ne plus craindre la solitude mais, au contradre, de l’aimer.