Julie Douet-Zingano, Le devenir-mégapole

Julie Douet-Zingano, Le devenir-mégapole

DURÉE DU PROJET

2024 - 2026


PORTEUR(S) DU PROJET

Julie Douet-Zingano


EN COLLABORATION AVEC
HAR / Histoire des arts et des représentations

Le devenir-mégapole : matière, forme et processus de création théâtrale face au Grand Paris

Une mégapole se caractérise par l’état spécifique qu’atteint l’habitat urbain densifié lorsqu’il dépasse le seuil des dix millions d’habitant·es. En 2023, quarante-quatre mégapoles peuplaient le monde et la liste s’allonge d’année en année. Il m’intéresse de prendre la mégapole comme sujet théâtral, pour sa capacité à mettre en jeu les problématiques contemporaines, depuis des échelles dépassant notre appréhension quotidienne du réel. Par ses excès, la mégapole devient presque une abstraction. Plus qu’une métaphore de la vie au sein de la multitude, cette ville débordante est porteuse d’une agentivité poétique pouvant façonner la forme de la création.

La ville géante est à la croisée d’enjeux éthiques, écologiques et esthétiques particulièrement contemporains. Longtemps portée en idéal, elle semble aujourd’hui obsolète, à l’heure des angoisses face à l’impensable crise écologique. La mégapole paraît être devenue l’emblème d’une occupation humaine destructrice. Nos villes géantes sont-elles encore possibles ? Que sera la ville du futur ? Pour interroger l’avenir, un dialogue intellectuel et sensible sera tissé avec São Paulo. Emblème, tant par son histoire de construction que par sa morphologie, des géantes de ce que l’on nomme le “Sud global”, l’état-mégapole de São Paulo est plus ancien, plus ancré que Paris. La mise en perspective des deux villes que tout semble opposer permet un renversement et une décentralisation des questionnements.

 L’objectif est ainsi d’explorer l’imaginaire contemporain de l’hyper-urbanité, en ce qui regarde son rapport au temps et au motif de l’inévitable chute, à laquelle toute grande ville semble promise (tant dans l’imaginaire antique, Troie, Rome, que dans la culture pop, Gotham City). Il s’agira d’interroger comment le théâtre peut se saisir de l’imminent et ambigu devenir-mégapole de Paris. Pour cela, j’explorerai deux modes de théâtralité frictionnant les liens à l’intérieur, soit dans la salle de représentation, un espace qui se soustrait de la ville, et à l’extérieur, soit l’action artistique directement dans l’espace urbain, en site specific. Des scènes et performances seront réalisées dans plusieurs quartiers du tissu urbain péri-parisien, a fin de mettre en tension les notions de centre et de périphérie. Nous nous intéresserons en particulier aux lieux marqués par une stratification de couches d’urbanisation, témoignant d’une mémoire complexe. Puis, il s’agira de confronter cette première matière à l’espace clos de la salle de représentation afin d’axer le travail sur le regard du spectateur devant cet imaginaire en mutation permanent. Enfin, dans un troisième temps, nous reviendrons dans la ville, créant une oeuvre pour la ville.

Julie Douet-Zingano entame sa formation par l’école de jeu Célia Helena, au cœur de la tentaculaire São Paulo. Franco-brésilienne, elle intègre ensuite la classe préparatoire publique de cinéma, à Nantes, Ciné-Sup, puis poursuit sa formation sur l’image à l’EHESS, en master Arts et Langages, menant une recherche sur la représentation de la violence extrême dans le cinéma direct contemporain du monde arabe. Elle intègre ensuite la promotion 2021-2023 du master de mise en scène et dramaturgie de l’université Paris-Nanterre. En 2023, elle assiste Antonio Araújo et le Teatro da Vertigem pour leur création, Agropeça, présentée à São Paulo au SESC Pompeia. Elle fait également partie du Cercle des jeunes dramaturges de Théâtre Ouvert. Sa première création, Nature Morte, est soutenue par le dispositif Jeunes Pousses 2025/2026 de la Maison Maria Casarès. Sa recherche porte sur les frictions interculturelles et l’esprit des lieux qui nous habitent. 

© Alexis Couroussé-Volat



ÉQUIPE DU PROJET

Christophe Triau (université Paris Nanterre)