« La vie d’un animateur, c’est de dessiner autant que possible, d’une certaine façon, avec sa main et un crayon. […] Ne confions pas le travail à un ordinateur, ne le laissons pas nous confisquer cette joie et ce plaisir. »

Hayao Miyazaki, 2009

Le projet « Animer /Jouer » consiste en la fabrication d’un jeu vidéo expérimentant des formes visuelles et des animations inédites dans l’industrie vidéoludique, ainsi que de mécaniques ludiques originales reposant sur la décomposition du mouvement.

L’animation est une caractéristique fondamentale des jeux vidéo, qui a cependant fait l’objet de peu de réflexions dans le champ de la recherche universitaire, et de peu d’expérimentations dans le secteur professionnel du jeu vidéo. En exhibant l’arbitraire de la figuration du mouvement dans les jeux vidéo, cette recherche-création vise ainsi à approfondir notre compréhension du langage  vidéoludique et du rôle spécifique qu’y joue l’animation.

Travail de machine réalisé à la main, l’animation implique un rapport intime autant que réfractaire au progrès technologique. Parce qu’elle se joue au cœur du mouvement de l’image et travaille à la création artificielle du mouvement, elle constitue en outre le paradigme visuel des nouveaux médias numériques. Elle articule l’humain à la machine, et invite à penser le rapport du geste de création à la mécanisation et à l’automatisation des tâches.

Au-delà du jeu vidéo, envisager l’animation comme une mécanique de jeu invite donc à réfléchir, sous une forme ludique et expérimentale, à la matérialité de la création numérique aussi bien qu’à la répartition des tâches entre l’humain et la machine : ce qui résiste à l’automatisation, la nature  du plaisir et du temps qu’on y perd ou qu’on y gagne.

Antoine Rigaud

Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, docteur en cinéma de l’Université Paris Nanterre,  actuellement postdoctorant au sein de l’EUR ArTeC, rattaché au laboratoire Histoire des Arts et des Représentation (HAR, Paris Nanterre). Sa thèse, dirigée par Hervé Joubert-Laurencin et intitulée Cinéma d’animation et jeu vidéo. Deux retours de la main, porte sur les filiations, les points d’articulation et les liens esthétiques qui existent entre le cinéma d’animation et les jeux vidéo. Il a en parallèle de ces recherches, réalisé des travaux d’illustration et d’animation, en particulier pour la pièce de marionnette Eugen, mis en scène par Youn Leguern-Herry pour la compagnie Indigo Flamingo. Dans le cadre de son postdoctorat, il approfondit les questions soulevées par la thèse sous la forme d’une recherche-création interrogeant, par la conception et la fabrication d’un jeu vidéo, la place de l’animation dans ce média. Il travaille également sur des sujets connexes à ces deux champs : la bande dessinée, le design, les media studies (en particulier l’archéologie des médias), l’histoire de la pensée du jeu, les théories de l’art, ou encore les séries télévisées.