« Trame spéculative : pour une vision textile de l’informatique » est un projet de recherche-création qui propose d’explorer une vision textile de l’informatique en convoquant une trame spéculative tissée à partir des usines d’assemblage électronique qui ont recruté des jeunes femmes pour leurs compétences en couture. Avec le glissement des techniques textiles vers celles de l’informatique, s’écrit en creux une histoire textile du numérique. En traçant cette contre-histoire pour explorer ce qu’une vision textile peut produire si elle était réappliquée au numérique, la thèse part de l’idée que le textile survit même lorsque sa matière est remplacée par d’autres éléments ; il devient alors motif, code, information, structure. Ce dont le numérique est fait : câbles, nœuds, gestes et matières reste souvent invisibilisé. Le projet ambitionne d’allier recherche et création pour réfléchir à partir de ce manque et interroger la matérialité du numérique, ses récits dominants, ses oublis, et se demander ce que le textile peut encore transmettre.

La création est pensée comme une activité de recherche en ce qu’elle fait surgir l’effacement, le manque et l’oubli à partir du textile. Elle prend la forme d’installations mêlant peintures, sculptures, textes et projections en mettant en place une logique de transferts des médiums où les éléments plastiques se répondent et se contaminent. L’écriture, constituée comme une uchronie débutant au moment où les couturières ont été employées dans les usines d’assemblage électronique, agit comme une trame reliant les formes et les mémoires.

En articulant théorie, archives, écriture et création, le projet se donne pour ambition de faire émerger une vision textile de l’informatique qui reconnecte les technologies à leur matérialité, donne une place aux récits et aux gestes invisibilisés, et invente de nouveaux modes de narration par la recherche-création en prenant une matière, le textile, comme grille de lecture. En traçant des états de matière, il déploie une pratique élargie du textile au niveau transdisciplinaire pour rendre visible ce qui est là, sous la surface, et induit des usages.

Biographie

Julia Piccolo tire les fils – métaphoriques ou non – de l’origine textile de l’informatique.

Après un master aux Beaux-Arts de Nantes, elle poursuit ses recherches à l’EHESS et rédige un mémoire sous la direction de Patricia Falguières. En 2024, elle intègre le DIU ArTeC+ pour développer son projet de thèse en recherche-création. Depuis septembre 2025, elle est doctorante au sein du laboratoire EDESTA (Ecole Doctorale Esthétique, Sciences Et Technologies Des Arts). Elle travaille, sous la direction de Patricia Ribault sur un projet de thèse intitulé « Trame spéculative : pour une vision textile de l’informatique ».

Son travail se situe au croisement des liens qui unissent le textile, l’art décoratif et l’ordinateur. Il a été montré en France (Le Sample, Nonono, Tour Orion), au Québec (Ada X, Diagonale, Art Souterrain…), et ailleurs à l’international (Bruxelles, Rio). Aquatour, sa nouvelle d’anticipation a récemment été publiée dans la revue C’est les vacances éditée par Burn~Août et dirigée par Eugénie Zély.

 

ÉQUIPE DU PROJET

Directrice de thèse : Patricia Ribault

École doctorale : Esthétique, Sciences Et Technologies Des Arts – ED 159 – Université Paris 8