2025 - 2026
Tifenn Martinot-Lagarde, Bibliothèque nationale de France
En France, la mise en valeur des femmes dans l’histoire du cinéma est longtemps restée cantonnée au militantisme féministe de l’après Mai 68, à l’écart des travaux d’historiens. De rares publications se sont concentrées sur les films dits «de femmes» ou sur les réalisatrices et sur un nombre limité de personnalités. La mise en lumière récente de pionnières du cinéma muet a renforcé le sentiment d’une invisibilisation des femmes dans l’histoire du cinéma, invisibilisation encore plus forte pour les métiers de l’ombre. Les études sur les métiers techniques du cinéma se sont certes développées, mais sans être focalisées sur les questions de genre.
Par ailleurs, si la part des femmes dans l’emploi de la production cinématographique a donné lieu à des statistiques publiées, couvrant les années 2006 à nos jours, les études manquent pour les périodes antérieures. Il faut aller chercher des informations éparses dans les annuaires professionnels et dans la presse spécialisée, dont le volume rend difficile un dépouillement manuel.
Ce programme de recherche a pour objectif de sortir les professionnelles de l’histoire du cinéma de leur invisibilité en permettant de les compter, de les nommer et de raconter leur histoire par une recherche dans les archives de plusieurs institutions patrimoniales de référence.
Il propose de traiter par l’intelligence artificielle (LIASD et laboratoire de recherche de l’EPITA) les annuaires professionnels et la presse de cinéma conservés à la Bibliothèque nationale de France (BnF) et à la Cinémathèque française, pour en extraire les noms de femmes et les compter par catégories de métiers. Ces sources seront croisées avec les cartes professionnelles (archives du CNC) et les dossiers de scolarité d’écoles de cinéma conservés aux Archives nationales.
Les résultats de cette fouille par l’IA seront ensuite exploités par des chercheurs de plusieurs universités dont Paris 8 (ESTCA) pour interroger les catalogues et collections de ces institutions afin d’étudier l’histoire et les parcours de ces professionnelles.
Les résultats seront présentés lors d’un colloque en fin d’année 2026 et sous la forme d’une exposition de reproductions, qui circulera entre les universités partenaires. Ils donneront lieu à des articles scientifiques et une diffusion en ligne.