Expressions graphiques de la révolution, est une recherche-création portant sur la production de l’iconographie révolutionnaire dans les années 1960-1970 en France. Laquelle vise à prolonger les études historiennes et d’histoire de l’art sur les groupes révolutionnaires et leurs productions graphiques par une étude des procédés techniques et des pratiques quotidiennes. L’enjeu est de comprendre l’importance de contraintes matérielles et des micro-arbitrages dans la constitution des praxis révolutionnaires et du style des organisations militantes.

Comment accède-t-on aux différentes techniques d’impression ? Comment se transmettent les savoir-faire ? Quels sont les contraintes d’un tirage en sérigraphie ou en offset rotative ? Où trouver les illustrations pour le journal de l’organisation ? Combien d’exemplaires d’un journal faut-il produire pour s’assurer un lectorat de 5000 âmes ? Qui fait la maquette ? Combien d’affiches faut-il coller dans un quartier pour s’assurer qu’elles soient vues ? Ce bref échantillon de questions illustre l’éventail large des aspects matériels auxquels étaient confrontés les militants et militantes de l’époque.

Il s’agit aussi de regarder comment les différentes initiatives ont fait évoluer les écritures, les volumes d’impression et les choix graphiques. Dessin au trait, recours à la photographie, polychromie, utilisation d’encres fluorescentes, etc. apparaissent sur les affiches et dans les journaux au gré des améliorations techniques, des volontés d’innovations, de distinctions et de nouvelles influences. Autant d’aspects qui sont informés autant par une recherche documentaire que par des expérimentations graphiques, accompagnées d’acteurs et d’actrices de l’époque lorsque c’est possible. Un mode de travail qui permet de combler certains manques d’information, tout en donnant l’opportunité d’associer la forme à la parole.

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Jil Daniel est graphiste et docteur en esthétique de l’université Rennes 2. Après plusieurs années de travail de graphisme en collectif, il a mené une thèse de doctorat, soutenue en 2023, portant sur les ateliers populaires et la pratique de la sérigraphie militante pendant le printemps 1968 et dans la décennie suivante. Par la suite, il a collaboré avec la bibliothèque Kandinsky sur une mission de recherche s’intéressant à la presse militante et contre-culturelle des années 1960-1968, laquelle est prolongée par le présent post-doctorat. Son travail de recherche se focalise particulièrement sur les pratiques quotidiennes et les procédés techniques des groupes de production, mis en lien avec les pratiques politiques des militants et militantes. Il a également enseigné jusqu’en 2024 à l’université Rennes 2. Il est maintenant membre du laboratoire Arts des images et art contemporain de l’université Paris 8 Vincennes–Saint-Denis.