Gabriele Stera, Archéologie et poétique du sous-titrage

Gabriele Stera, Archéologie et poétique du sous-titrage

DURÉE DU PROJET

2022 - 2024


PORTEUR(S) DU PROJET

Gabriele Stera


EN COLLABORATION AVEC
EA-7322 Fabrique du littéraire Fablitt, Université Paris Lumières

Archéologie et poétique du sous-titrage : du sous-titrage de film au méta-titrage du monde

L’origine des techniques de sous-titrage s’inscrit dans l’histoire des médias modernes au moment de l’invention du cinéma sonore, pour faire face à la problématique de la synchronisation des contenus graphiques, sonores et visuels à l’écran. Le sous-titrage vient se greffer comme une prothèse de langage dont le but premier est de permettre à nouveau la circulation des films sur le marché international. Les problématiques liées à l’accessibilité à l’audiovisuel pour le public sourd et malentendant, largement invisibilisées, ne feront l’objet de l’intérêt spécifique de l’industrie du cinéma et de la télévision qu’à partir des années 1970, avec le développement des closed captions. Dans un premier temps, l’essor du sous-titrage est donc à observer à travers le prisme de l’accès aux contenus audiovisuels pour un public international et, successivement, de leur accessibilité pour des publics défavorisés.

Ce premier cadre, de nature socio-économique, évolue dans l’histoire du sous-titrage en une interpénétration des évolutions technologiques de sa diffusion, et du rôle sémiotique de ses usages. Le sous-titrage, devenu un standard international pour le cinéma, s’est progressivement étendu à plusieurs autres médias : nous trouvons des sous-titres dans les DVD (encodage multilingue) à la télévision (télétexte, live captioning), dans le spectacle vivant (surtitrage, air captioning), et dans la quasi-totalité des contenus audio-visuels disponibles dans le web (reconnaissance vocale et transcription automatique). Cette généralisation technique du sous-titrage est solidaire d’une évolution de ses fonctions sémiologiques. Si à ses débuts son rôle était celui d’une traduction sous contrainte spatio-temporelle, ses usages sont aujourd’hui beaucoup plus variés, à la fois dans la complexité des choix traductologiques et, parfois, même au-delà du paradigme de la traduction, dans une logique de description, de détournement, de complément d’information.

Notre travail avance l’hypothèse que cette prolifération technique et cette diversification sémiotique du sous-titrage appellent à l’identifier comme une forme de paratexte en surimpression qui s’applique à de nombreuses configurations médiales, en apportant sa logique, son paramétrage, ses possibles et ses programmes. Dans une démarche multidisciplinaire, à la croisée de l’archéologie des média, de l’anthropologie de l’écriture et des études littéraires, nous tenterons de situer le sous-titrage dans l’écosystème scripturaire en faisant ressortir sa parenté avec d’autres technologies textuelles de ‘titrage’. Qu’y a-t-il en commun entre le sous-titre et la note de bas de page, la légende, la didascalie ou l’index? Pouvons-nous relier l’articulation médiale initiée par le sous-titrage filmique à des formes de méta-titrage du monde informatisé comme l’épinglage de méta-données, le labelling en réalité augmentée ou le alt-text?

Ce travail, dans une démarche de recherche-création, prolongera l’archéologie en une poétique du sous-titrage, en menant une expérimentation artistique des usages non canoniques du sous-titrage dans l’art-vidéo, la performance et la poésie.

 

Biographie

Gabriele Stera, né à Trieste en 1993, est chercheur, poète, artiste et traducteur, actif en France et en Italie. Son travail s’articule autour des pratiques expérimentales de la poésie à la frontière entre les arts, en se prolongeant dans la performance, l’art sonore, le théâtre, l’art vidéo, l’installation multimedia.

Il est titulaire d’une Licence et d’un Master en « Lettres, Arts et Pensée Contemporaine » à l’Université Paris 7 Diderot. Il est actuellement doctorant contractuel (UPL / ArTeC) sous la direction de Yves Citton, rattaché au laboratoire de littérature FabLitt de l’université Paris 8, où il enseigne.