2023 - 2025
Faustine Besançon
Ce projet de recherche-création, au croisement des études en danse et des études de genre, est né du constat d’un sentiment de manque, commun aux archives en danse et aux archives LGBTQI+. Il propose de penser un renouvellement des pratiques archivistiques, grâce aux stratégies développées dans le champ de la performance contemporaine queer.
Dans la recherche et la création en danse, le rapport au passé se construit avec le manque : les archives existantes ne peuvent traduire que de manière partielle l’expérience d’une œuvre. La danse et la performance, par leur caractère éphémère, deviennent alors un espace d’invention pour expérimenter la conservation d’archives sensorielles, explicitant des rapports au corps, aux affects, à l’espace et au mouvement. Des créations contemporaines explorent la reprise, la réinterprétation et la relecture comme moyens d’articuler l’archive et le vivant, dans une actualisation du passé à partir de regards ancrés dans le présent.
Le premier axe de cette recherche-création repose ainsi sur l’analyse d’un corpus d’œuvres d’artistes revendiquant un point de vue lesbien, gay et/ou trans. Par la performance, ils et elles s’approprient des figures et objets de l’histoire de l’art, à partir desquels fictionner de nouveaux récits, créer de nouvelles archives et donner corps et voix aux histoires qui leurs manquent, pour tisser leurs propres généalogies queers.
Dans cette recherche-création, l’analyse des gestes performatifs sert de point d’appui pour observer, par un terrain d’enquête, les pratiques archivistiques de collectifs militants LGBTQI+, qui travaillent également depuis de nombreuses années avec le manque. Car l’archive est un lieu de pouvoir qui sélectionne ce qu’il conserve ou non, et qui a effacé de nombreuses traces d’existences LGBTQI+. Il s’agit alors, dans une mise en regard de pratiques artistiques et militantes, d’étendre la définition de ce que nous entendons par « archives » et d’explorer de nouveaux modèles d’archives, performatifs, vivants et affectés.
Le projet s’ancre dans une approche de l’archive comme méthode de recherche-création, reposant sur la production puis la circulation d’archives, dans la recherche et la création. Le doctorat se concrétisera par un travail d’édition, agençant les différents matériaux d’archives constitués, et expérimentant la thèse comme « fond d’archive ». Cette édition est destinée à être transmise, au cours d’une restitution performative, par un travail de mise en récit, en scène, en corps, en voix et en espace.
BIOGRAPHIE
Après un master de recherche en Sociologie à l’Institut d’Études Politiques SciencesPo Paris, Faustine Besançon décide de réorienter ses travaux vers la danse et la performance. En 2019, elle intègre le département Danse de l’Université Paris 8 où elle mène une recherche-création sur les pratiques (trans)féministes en danse, s’intéressant à la performance comme moyen de créer de nouvelles archives et mémoires, centrées sur une histoire des minorités de genre et sexuelles. Elle crée alors des performances à partir d’un personnage en quête de ses « ancêtres » lesbiennes perdues, Amnésia. Mobilisant lectures de textes, montages audiovisuels, chansons et playbacks, elle explore de nouveaux modes de narrations, se réappropriant, fictionnant et incarnant ces histoires qu’elle aurait rêvé qu’on lui raconte.
En 2021, elle cofonde le collectif La Poulpe, au sein duquel elle organise et créé des soirées de performances lesbiennes. A partir de 2022, le collectif déploie le projet « La Cabine », une série de performances radiophoniques lui permettant de lier ses propres travaux de recherche, à une démarche de création et de transmission collective.
En 2022, diplômée du master de recherche en Arts mention Danse, elle intègre le DIU ArTeC+ afin de préparer un projet de thèse en recherche-création sur le renouvellement des pratiques archivistiques par des performances contemporaines queers. C’est sur ce sujet qu’elle débute son doctorat en 2023, sous la direction d’Hélène Marquié, au sein du Laboratoire d’Études de Genre et de Sexualité à l’Université Paris 8 – Vincennes Saint-Denis.
Tutrice : Hélène Marquié, professeure au Laboratoire d’Etudes de Genre et de Sexualité
ED 31 Pratiques et théories du sens