2025
Siyanda Kobokana
Siyanda Kobokana est doctorant en études historiques à l’université of Western Cape en Afrique du Sud. Il est lauréat d’un appel organisé par ArteC, Fiminco et IFAS-Research pour une résidence à la fondation Fiminco d’une durée de deux mois afin d’enrichir son projet de thèse. Ses recherches portent sur la relation entre le son, la crise climatique et les technologies médiatiques dans l’Afrique du Sud post-apartheid. À travers ce travail, il s’interroge sur la manière dont les communautés marginalisées perçoivent le changement climatique, non seulement en tant que données ou catastrophe, mais aussi en tant qu’histoire vécue, souffrance et expérience quotidienne.
Son projet, intitulé ” Ecological Listening: A Sonic Method for Climate Justice from the Margins “ (Écoute écologique : une méthode sonore pour une justice climatique depuis les marges), explore la manière dont le son, en particulier la radio communautaire, les enregistrements ambiants et les récits oraux, peuvent servir de méthode décoloniale pour repenser la justice climatique. La recherche s’appuie sur un travail de terrain mené au KwaZulu-Natal, où les inondations récurrentes ont mis en évidence à la fois la négligence des infrastructures et la résilience des réseaux de communication locaux.
Il recheche les sons qui circulent pendant les crises écologiques – vocaux, émissions de radio, vrombissements des rues inondées. Il s’interroge sur ce que ces sons révèlent de la politique de l’attention et de la survie. Ces sons recèlent des souvenirs, des résistances et des connaissances souvent ignorés dans les cadres des recherches écologiques dominantes. De cette manière, l’écoute devient à la fois une méthode et une métaphore, un moyen de rendre audible ce qui serait autrement effacé.
Au cours de sa résidence à la Fondation Fiminco (octobre-décembre 2025), il commencera à développer une installation sonore multicanal intitulée When the Waters Speak, qui rassemble ces fragments sonores dans un espace immersif propice à la réflexion. Ce projet se positionne comme une critique des discours dominants sur le climat issus de l’Accord de Paris, en posant la question suivante : qui a le droit de définir l’avenir écologique, et qui est contraint de se taire ?
En réduisant les pratiques de connaissance Sud-Sud et Sud-Nord, ce projet contribue à une réflexion plus large sur l’écologie depuis une perspective africaine. Cette thèse cherche non seulement à questionner la domination visuelle du discours sur le climat, mais aussi à imaginer l’écoute du climat comme une nouvelle voie vers la justice, l’empathie et la co-survie.
Affiliation : university of the Western Cape (PhD Candidate, Historical Studies)
Terrain de recherche : KwaZulu-Natal et Mthatha, Afrique du Sud