Le Polytope de Cluny connut un succès incroyable : ses deux versions, données en continu d’octobre 1972 à janvier 1974, totalisèrent plus de 200 000 spectateurs. Le spectacle se déroulait dans les thermes de Cluny et était présenté avec, pour sous-titre, l’expression « actions de lumière et de son ». Le public, allongé par terre, était livré à une débauche lumineuse et sonore caractéristique de Xenakis. La musique, au titre homonyme, est souvent jouée en tant que musique électroacoustique – elle recycle des matériaux de pièces antérieures de Xenakis, mais on y entend aussi pour la première fois des sons de synthèse stochastique. Quant au spectacle visuel – fait de flashs, rayons lasers et miroirs, avec des configurations tantôt abstraites, tantôt concrètes –, qui était entièrement informatisé, on le croyait perdu. Mais la numérisation des archives Xenakis permet, aujourd’hui, sa recréation, une recréation que cette rencontre explorera.

Pierre Carré, Elsa Kiourtsoglou université de Thessalie, Makis Solomos université Paris-8 et collectif /nu/thing