Cette journée étudie une série de dispositifs artistiques ou littéraires, qui sont associés à des « gestes spéculatifs » (Stengers/Debaise), dotés d’empouvoirement pour les artistes et spectateurs.

En regard des catastrophes présentes et à venir, les appels se font en effet de plus en plus nombreux à recourir à la spéculation pour nous sortir des ornières du présent. Au premier rang de ces penseurs appelant à s’extraire de nos contraintes et attachements, on compte les philosophes matérialistes et spéculatives Isabelle Stengers, Donna Haraway, Vinciane Despret, Karen Barad, ou Jane Bennett.

La spéculation consiste évidemment en une ouverture des possibles, qui permet de ne pas s’enfermer dans une fatalité, ou dans une lecture rationnelle. Des écrivains comme Amitav Gosh s’en veulent d’ailleurs d’avoir cédé jusqu’aux années 2010 à l’injonction silencieuse du rationalisme, s’empêchant de décrire tempêtes et chaos d’apparence excessive, alors qu’ils auraient ainsi confronté leur lectorat à l’avenir. Il s’agit davantage cependant selon Stengers ou Haraway d’imaginer des modes d’existence à désirer, voire de les construire. La spéculation peut consister en ce que Stengers appelait déjà en 2009 un « penser ensemble comme œuvre à faire » : geste donc parce que débordant de la pensée vers le réel.

Il convient néanmoins de ne pas sous-estimer les risques de la démarche spéculative, souvent associée par le passé à une liberté débridée où « tout est possible », et qui peut comprendre un conglomérat de fictions les plus absurdes ou arbitraires. Stengers et Debaise soulignent ainsi la nécessité à introduire des contraintes de pensée.  

Matinée

10h -12h30 : Gestes artistiques du changement de monde

Clémence Mathieu & Marin Schaffner du collectif Hydromondes : « Enquêtes de bassin-versant, diagnostic biorégional et fictions de territoire »

Athane Adrahane : « Des Lucioles et des Ruines »

Après-midi

14h- 18h : Groupe AVETA de la Manufacture de Lausanne :  Arts vivants et écologies : le travail des affects et la spéculation

Eve Chariatte : « Voulons-nous vraiment la lune ? Nous voulons la lune de Marion Baeriswyl »

Damien Delorme : « Spiritualités décoloniales dans SPAfrica de Julian Hetzel & Ntando Cele »

Darious Ghavani : « Réflexions sur les pensées de l’orchidée chez Sofia Teillet »

Joanne Clavel :  « Du bizarre à la métamorphose désubjectivante. Réflexions à partir de Encantado de Lia Rodrigues »

Eliane Beaufils : « Méditer (le) dehors. Habiter le monde théâtralement »