Évaluer l’art

Évaluer l’art

Date

14/02/2020 -


Lieu

Centre Pompidou, petite salle


Infos pratiques

11h-17h45

Le temps où avait cours l’idée que c’est l’artiste qui fait l’art est bel et bien révolu. Du commissaire d’exposition au médiateur de musée, figures qui n’existaient pas il y a quarante ans, en passant par le conservateur de musée, le programmateur, l’expert, le critique d’art, le collectionneur ou les « agences de notation » de l’art (Artprice, Artnet), l’œuvre d’art n’est plus simplement le produit de l’artiste, mais celui d’une action collective impliquant des chaînes de valorisation et d’intermédiaires toujours plus étendues dans l’écosystème artistique. Le pouvoir de ces intermédiaires tient en grande partie au rôle qu’ils jouent dans les processus d’évaluation par lesquels œuvre ou artiste se voient attribuer une valeur, imposant ainsi une normativité qui peut être jugée étrangère ou aliénante relativement à l’acte créateur (Jeanpierre et Roueff 2014). Ces médiations sont le lieu de négociations et de rapports de forces entre intermédiaires, commanditaires, institutions et artistes, qui reformulent d’une certaine manière la question de l’autonomie de l’art, dans la mesure où l’évaluation d’une œuvre dépend non d’une logique interne au champ artistique mais de régimes de valeurs hétérogènes (Buch 2014).

Du fait même qu’elle se définit à partir d’un concept aussi vague que celui d’art l’institution artistique est fondamentalement soumise à une incertitude évaluative (Menger 2009) et à une contestation de ses valeurs. L’incertitude sur la valeur dans le monde de l’art est telle qu’on y trouve une exposition des conflits de valeur ou d’évaluation beaucoup plus nette qu’ailleurs. L’art contemporain, « de par sa logique propre consistant à expérimenter les limites, à transgresser les frontières, y compris et surtout à transgresser les frontières de sens commun entre art et non-art », constitue un vivier d’objets-frontières qui se situent « à l’intersection de domaines d’activité et de systèmes axiologiques hétérogènes – ce pourquoi de tels objets sont des observatoires privilégiés pour des conflits de registres de valeurs » (Heinich 2017).

Cette journée d’études partira de l’idée que l’évaluation artistique représente un échantillon de ce en quoi consiste le système évaluatif. Elle questionnera la façon dont l’évaluation de l’art introduit dans celui-ci des pratiques qui relèvent de régimes de valeurs distincts et cherchera visibiliser ce qui reste opaque dans ces pratiques, en vue de mieux comprendre ce qui se joue dans nos manières d’attribuer de la valeur. Selon une approche pragmatique et micrologique qui s’attachera à l’observation des pratiques effectives, artistes, chercheurs et acteurs du domaine s’interrogeront sur la façon dont sont évalués les œuvres et les projets artistiques dans le cadre des politiques de financement de l’art, sur la pertinence des méthodes de sélection, et sur les alternatives à une évaluation de l’art soumise aux logiques du marché.

Programme

11h00    Accueil des participants

11h15   Introduction

11h30   Valence, valuation, évaluation de l’art contemporain

Table ronde animée par Yves Citton (théoricien des médias), avec Jérome Glicenstein (artiste et théoricien des arts), Valérie Pihet (sociologue), Olivier Quintyn (théoricien des arts), Joëlle Zask (philosophe).

12h45   Pause déjeuner

14h30   Evaluer l’art par l’art

par Franck Leibovici (artiste et poète) et Yaël Kreplak (sociologue).

15h15    Pratiques d’évaluation de l’art : comment se fixe un prix ?

Table ronde animée par Jean-Max Colard (chef du service de la parole au Centre Pompidou, critique d’art et théoricien de la littérature) et Nancy Murzilli (philosophe et théoricienne de la littérature), avec Nicolas Trembley (art advisor et ex-critique d’art), Marion Papillon (directrice de la galerie Papillon et présidente du Comité professionnel des galeries d’art), Marc Vaudey, directeur du pôle création au Cnap, Centre national des arts plastiques), Agnès Thurnauer (artiste).

16h45    Pause

17h00    Ranking et big data artistiques, mode d’emploi

Entretien entre Nathalie Moureau (économiste) et Marek Claaßen (directeur d’Artfacts.net).

17h45    Clôture