Étude sur le Jeu de sainte Agnès : la dimension sensible du miraculeux

Étude sur le Jeu de sainte Agnès : la dimension sensible du miraculeux

Date

23/05/2025


Lieu

Espace Reverdy, Bâtiment Ricoeur université Paris Nanterre


Infos pratiques

Ouvert à toutes et tous Inscription obligatoire

La restitution du séminaire/atelier « expérimenter la représentation théâtrale des héroïnes médiévales en résonance avec la scène actuelle », le vendredi 23 mai à l’université Paris Nanterre représente une occasion d’échange et de médiation avec le public à une étape d’une recherche postdoctorale en cours autour des drames médiévaux dont les protagonistes sont des femmes saintes martyrisées : le projet Women Martyrs in Action (FNS-Université de Lausanne) porté par Susanna Scavello a été accueilli pour un semestre à ArTeC et au laboratoire HAR de l’université Paris Nanterre.
 
Le module a engagé la participation des étudiant·e·s du Master Théâtre « Écritures et Représentations » de Paris Nanterre, de la Sorbonne Nouvelle et du Master ArTeC. Le séminaire a eu pour objet une exploration du jeu provençal de sainte Agnès, chef-d’œuvre dramatique du XIVe siècle qui reste aujourd’hui méconnu. 
 
Premier drame occitan conservé, le jeu de sainte Agnès est le seul document théâtral médiéval en langue vernaculaire qui dramatise la vie et le supplice de la sainte parvenu à nos jours. Le texte nous est transmis par un « manuscrit de scène », nous offrant une version écrite qui devrait être assez proche de celle utilisée pour la mise en scène du jeu : des nombreuses didascalies apportent des éléments de mise en scène. Ce jeu provençal constitue une adaptation théâtrale exceptionnelle de la légende hagiographique, notamment pour la présence des intermèdes musicaux qui puisent à la tradition lyrique profane des troubadours et au chant liturgique. Le manuscrit est enrichi par les notations musicales des 21 intermèdes, mais seulement dans trois cas on peut reconstituer avec certitude la mélodie, alors que le déchiffrement reste en général problématique. Pourtant la dimension sonore a une fonction dramaturgique fondamentale dans la pièce : les intermèdes musicaux expriment le miraculeux et son effet sur les personnages.
 
C’est pourquoi nous avons testé l’intérêt à retravailler aujourd’hui ces scènes en s’appuyant à la création musicale contemporaine : en quoi l’incarnation sensible du miraculeux pose des défis aux créateur·ices du son ? Grace à la collaboration avec le chercheur et compositeur Paul Goutmann nous essayerons d’entendre cet autre insaisissable qu’incarne le surnaturel et son pouvoir transformateur pour un public d’aujourd’hui, tout en dialoguant avec le drame médiéval et les notes de régie qui ont été conservées. 
 
En cohérence avec l’univers théâtral médiéval, où le sublime côtoie la laideur, il sera question d’apparitions surnaturelles salvifiques – célestes et infernales –, des tentatives de viols, et des résurrections…
Une des interrogations éthiques majeures face à laquelle nous pose aujourd’hui le drame et la figure d’Agnès est celle du pardon. Est-ce que la dimension du pardon n’appartient qu’à l’humanité exceptionnelle, sainte, que célèbre ce théâtre « sacré » ? Est-ce qu’au-delà de l’horizon chrétien médiéval où ces drames ont été conçus et représentés, le pardon et la rédemption relèvent-ils encore du miracle ?
 
Training physique et mouvements scéniques : Bougier TOTO (Jules Benveniste, Violetta Latte)
Projet soutenu par le Fonds National Suisse et l’ACA2 (Action culturelle et artistique de l’Université Paris Nanterre) 
La restitution est ouverte à un public restreint, en s’agissant d’une expérimentation dans un cadre pédagogique.
 
Inscription obligatoire
 
© Saint Agnes en prison, José de Ribera
© Tom Gachet