14/11/2024
Salle de conférences, bâtiment Max Weber Université Paris Nanterre
9h45-17h30
Cette journée est l’aboutissement d’un cycle d’activités réalisées dans le cadre de la chaire internationale ArTeC occupée par André Habib en novembre 2024. Elle réunit des chercheur·seuses canadiens, belges, français.
La mélancolie et la nostalgie sont des affects prédominants et paradoxaux de notre époque. Elles semblent irriguer toutes les sphères de nos sociétés et de nos cultures. Les lieux où elles s’expriment, les formes qu’elles incarnent et les causes qui les engendrent sont innombrables : de la gauche à la droite, de l’anthropocène à la pandémie, de la saturation de l’accès aux données du passé engendrée par la révolution numérique à la perte de confiance dans la possibilité d’un avenir, des séries télés à la musique en passant par les réseaux sociaux et la production savante. Cette journée d’étude se propose de réfléchir à l’étonnante actualité de ces émotions en plongeant en même temps dans leur riche et complexe histoire ancienne. Si la nostalgie et la mélancolie ont fait l’objet d’importantes publications ces dernières années (on pense aux ouvrages de Starobinski, Bolzinger, Cassin, Niemeyer, Fantin et Févry, tout comme aux études de Traverso, Clair, Edmonson et Mladek), peu de ces ouvrages tentent de tirer profit de leur mise en examen comparé. Que gagne-t-on à tenter de penser ensemble la nostalgie et la mélancolie ? Comment se conjuguent-elles au présent et à quels champs d’application la polysémie de ces mots se prête-t-elle ?
Ce sera sans doute à l’aune de nouveaux néologismes apparus ces vingt dernières années (comme l’était le mot « nostalgie », quand il a été forgé en 1688 en Suisse) que nous pouvons mesurer l’ampleur des manifestations contemporaines qui leur sont liées et les tonalités affectives différenciées que nostalgie et mélancolie se partagent : technostalgie, solastalgie, ostalgie, eco-mélancolie, autant de déclinaisons nouvelles de ces affects anciens qui rendent compte de l’emprise des médias dans nos vies ou encore de l’impact psychologique de l’anthropocène, de l’extinction des espèces et de la biodiversité. Les interventions de cette journée porteront, en partant de ces thématiques, sur des champs disciplinaires différents (anthropologie, cinéma, communications, muséologie, littérature, philosophie), confirmant à l’envi l’intérêt qu’il y a à penser à nouveaux frais le passé, et mieux diagnostiquer les maladies de notre temps.
Cette journée d’étude est co-organisée par Fabien Boully et Éric Thouvenel, membres de l’UR HAR de l’université Paris Nanterre, et André Habib, professeur titulaire au Département d’histoire de l’art, de cinéma et de médias audiovisuels de l’Université de Montréal et membre du laboratoire Cinémédias.