Numéro 1
Aurélie Ledoux & Pierre-Olivier Toulza, Politiques du Musical Hollywoodien
Presses Universitaires de Paris Nanterre
La comédie musicale offre à ses publics des divertissements « familiaux » et en apparence inoffensifs, dont la fantaisie semble éloignée de tout réalisme et de tout souci critique. Pourtant le musical, émanation parfaite de l’âge d’or hollywoodien, expose de façon ouverte les tensions idéologiques et culturelles qui le traversent.
Rassemblant les contributions de spécialistes de cinéma, de danse et de musique, cet ouvrage propose une exploration des « politiques » de ce genre protéiforme – depuis les cycles de musicals des années 1930 et jusqu’aux films à grand spectacle des années 1960 – à partir de trois questions principales: la place spécifique de la comédie musicale dans le système d’autocensure orchestré par le Code de production hollywoodien; les normes de représentation, en particulier raciales, liées à la reprise de traditions musicales ou chorégraphiques; les enjeux idéologiques, enfin, d’un genre situé au cœur de la culture de masse et, à ce titre, inséparable d’impératifs technologiques et médiatiques.
Site de l’éditeur : http://www.lcdpu.fr/livre/?GCOI=27000100088250
Numéro 2
Nathalie Cau, L’Attente : Déplacés juifs en Allemagne, 1945-1952
Éditions du Détour (septembre 2020)
Après l’été 1945, un million de « personnes déplacées », parmi lesquelles des Juifs européens survivants ou rescapés de l’extermination, furent placés en camps par les autorités internationales, dans l’attente de leur trouver un refuge. Ce livre peint le portrait par eux-mêmes de ces « déplacés » juifs, grâce à l’analyse de documents exceptionnels.
Les camps ouverts par les autorités internationales pour héberger les Juifs européens ayant survécu à l’extermination ont été, malgré la cruauté d’une attente prolongée pendant des années et la dureté des conditions de vie, le berceau d’une renaissance culturelle. Cette population hétérogène, réunie par l’impossibilité de retourner là où ne subsiste plus rien ni personne, a fondé dans ces camps une société singulière, dernière expression d’une culture yiddish foisonnante. Là, la langue et la représentation dessinent les contours d’une communauté nouvelle qui veut désormais être reconnue comme nation destinée à devenir État en Israël.
Nathalie Cau analyse des représentations des déplacés juifs par eux-mêmes, de nombreux documents inédits dont des photos exceptionnelles (théâtre, commémorations, fêtes religieuses, carnavals, événements sportifs etc.). Grâce à ces spectacles transmettant le répertoire traditionnel, racontant la destruction ou découvrant les bases d’une vie encore à venir, se construit peu à peu un commun imaginaire, esthétique et politique commun, dans l’espoir d’un départ hors Europe.
Site de l’éditeur : https://editionsdudetour.com/index.php/a-paraitre/
Numéro 3
Emmanuel Guez & Alexandra Saemmer, Code X – 3615 Love
Éditions HYX
Que faire face à l’obsolescence des machines numériques ? Comment et pourquoi préserver, conserver et restaurer une œuvre d’art numérique ? Qu’est-ce qu’une archive numérique ? Un médium technique obsolète est-il vraiment mort ? Fondé par Emmanuel Guez et Lionel Broye, PAMAL développe une pratique en art originale qui interroge les enjeux et les méthodes liées à une étude historique et critique des média. 3615 LOVE propose de découvrir des projets artistiques emblématiques du Minitel, leur découverte, leur préservation et l’utilisation que nous pouvons aujourd’hui en faire à l’ère d’Internet et des réseaux sociaux. L’archéologie des média nous invite à penser la société de l’information, son histoire (ou plutôt ses temporalités), ses matérialités, ses machines et leur obsolescence. Code X poursuit son investigation des cultures numériques dans une démarche prospective. Conçu et réalisé en open source, Code X entend participer à la construction d’un autre rapport aux technologies et à la contribution du plus grand nombre à la vie culturelle et politique…
Site de l’éditeur : https://www.editions-hyx.com/fr/code-x-0
Numéro 4
Giulia Filacanapa & Guy Freixe & Brigitte Le Guen, Le masque scénique dans l’Antiquité
Éditions Deuxième Époque
Les études sur le théâtre antique examinent essentiellement les pièces d’Eschyle, Sophocle, Euripide, Aristophane, Sénèque ou Plaute. Ces écrits nous cachent cependant l’appareillage scénique, pourtant capital à cette théâtralité où la parole ne faisait qu’un avec la musique et la danse. Et parmi ces éléments du langage scénique, bien plus que le costume, les accessoires ou le décor, le masque occupe la première place. L’acteur, durant des siècles, des premières Dionysies sous l’acropole d’Athènes aux représentations du fin fond oriental de l’empire gréco-romain, n’a joué que masqué. Or, le masque, fondamental pour comprendre cette dramaturgie, a été ignoré dans sa réalité d’objet scénique. Il est grand temps de réévaluer cette période de notre histoire des arts du spectacle et de le faire à partir de cet outil essentiel du jeu de l’acteur qui modifie la perception et induit un type de représentation ainsi qu’un rapport particulier du spectateur à la scène. Ainsi, pour la première fois, les grands genres du théâtre gréco-romain (tragédie, comédie, drame satyrique, pantomime, atellane, comédie palliata) seront abordés à partir du masque lui-même, tel qu’il était utilisé dans ces formes de jeu. Comprendre le masque antique, ses fonctions et usages, ses évolutions, sa typologie, voilà l’ambition de cet ouvrage qui croise les études de chercheurs reconnus et les expérimentations de plateau.
Numéro 5
Lucile Haute & Francesca Cozzolino & Arnaud Dubois & Julien Gineste, La Création en actes
Éditions Art Book Magazine, Paris, 2020, dans la collection liteʁal dirigée par Lucile Haute
Camérer. À propos d’images : dans « camérer » on entend caméra et donc cinéma et filmer, mais d’abord l’impérative nécessité d’étrangéiser les mots ou de se réapproprier leur signification en en passant par un autre réseau linguistique. « À propos d’images » indique le déplacement du sens de gravité de l’ouvrage : du cinéma – le mot et la pratique – soumis à la question, on s’achemine vers le vaste monde des images, « l’autre monde », « tout un monde », que Deligny investit avec l’intention d’en trouver le plus de sens possibles, avec et contre le langage. On aura compris que ce livre n’est pas un livre sur le cinéma, ni un essai de phénoménologie ou d’esthétique sur l’image, mais tout ceci à la fois, et autre chose encore, venant d’un écrivain en contact étroit avec le régime de perception d’enfants autistes.
L’intérêt de Deligny pour le cinématographe (plus pour le « graphe » que pour le « ciné », dit-il) n’est pas nouveau. Trois des films tournés dans les Cévennes – Le Moindre Geste, magnifique ovni collectif, joué par un « débile profond », Yves G., Ce gamin, là et À propos d’un film à faire réalisés par Renaud Victor – ont été édités en DVD, plusieurs textes ont paru dans ses Œuvres, et le cinéma constitue l’un des fils rouges, pour ne pas dire l’un des points de fixation de la Correspondance des Cévennes, 1968-1996. La re-découverte récente par Jacques Lin d’une série de films en super 8 et en vidéo tournés dans le réseau dans les années 1970 et 1980 témoignait de ce que du cinéma avait eu lieu sur un mode quasiment permanent dans les aires de séjour. Au même moment, Marlon Miguel et Marina Vidal-Naquet extrayaient de deux grandes malles de manuscrits en vrac un corpus de textes inédits sur l’image… dont nous avons tiré un livre, fait à quatre têtes et huit mains.