Sous la direction de Paul Sztulman et Dork Zabunyan
Notion souvent dévalorisée ou fustigée, la distraction renvoie autant à certaines modalités de l’attention (flottante, incidente, mobile…) qu’aux formes sensibles associées à la culture de masse. La distraction est plus ambivalente que sa dénonciation ou sa synonymie avec le terme de divertissement ne le laissent supposer. Tandis que ce dernier pourrait ne renvoyer qu’au fait de se détourner d’une chose, de faire diversion, la distraction relève plutôt d’un conflit d’attractions. En résulte une double orientation des recherches qui composent cet ouvrage, où l’examen local d’états de coexistence entre perception distraite et capacité attentionnelle voisine avec des réflexions sur les influences réciproques entre le domaine des arts et la société du spectacle.
Cette notion de distraction qui se dédouble en deux branches est également clivée, entre émancipation et aliénation, tant dans ses pratiques que dans ses productions. Les réflexions rassemblées ici interrogent la façon dont la distraction cristallise certaines interrogations du présent, celles d’un monde qui se numérise et dont les tensions politiques vont croissant. On peut ainsi paradoxalement penser la distraction à la fois comme le stigmate de nos sociétés et comme son antidote. Elle connaît dans ce recueil un sort fidèle à son étymologie, elle est « tirée en divers sens » dans une variété d’interprétations et d’expériences où sa parade se manifeste de manière inattendue et fend les idées reçues.
Contributions de Madeleine Aktypi, Daniele Balit, Elsa Boyer, Yves Citton, Emmanuel Dreux, Jim Hoberman, Christophe Kihm, Sophie Mendelsohn, Victor Moisan, Marie Pruvost-Delaspre, Emanuele Quinz, Pascal Rousse, Peter Szendy, Barbara Turquier, Anne Zeitz, Eugénie Zvonkine.