« Come scarafaggi ai piani alti » (trad. « comme des cafards aux étages supérieurs »), chante le rappeur italien Rkomi dans une chanson intitulée Visti dall’alto. Au début de la recherche sur l’EUR ArTeC, ma peur était justement d’être comme un insecte qui regarde depuis les étages supérieurs : d’une part de me trouver, en tant qu’étudiante étrangère nouvellement diplômée, à représenter d’en haut, de manière détachée, une réalité qui ne m’appartient pas ; d’autre part de le faire au sein d’une institution académique, une école universitaire de recherche, et de me relier avec l’étage supérieur de la formation universitaire pendant ma première expérience en tant que chercheuse. Le sentiment d’être un espion minuscule, invisible au plus grand nombre, c’est là ce que je souhaiterais éviter. Le mémoire que j’ai réalisé pour mon diplôme de master aborde en partie cette question, celle des images capturées d’un point de vue surélevé. Mon parcours de recherche a en effet toujours été lié à l’éthique de la représentation dans le cadre de la culture visuelle : quelle est la position de l’auteur par rapport à ce dont il parle ?
Désormais, après avoir commencé concrètement à travailler au sein de l’école ArTeC, j’ai compris que la question de la représentation me concernait vraiment pour la première fois. Je suis en train d’étudier quelque chose de vivant, en mouvement et en changement constant : une méthodologie, une manière qu’ont les personnes d’agir dans un contexte de recherche. Par conséquent, j’adopte une méthode de travail qui est tout à fait nouvelle pour moi. J’assiste à des réunions, je fais des entretiens avec des acteurs différents et je visite des lieux. Le questionnement sur la « recherche-création » s’élargit et de nouvelles problématiques surgissent : qu’est-ce que signifie faire recherche à côté, avec et sur un réseau de personnes ?
L’étude sur le terrain est étroitement liée à la volonté d’accueillir une condition complexe, celle d’essayer de s’insérer dans le réseau, de tisser des connexions et de construire sa propre position critique à leur égard. Tout comme la première vue filmée de haut des Frères Lumière (une minute de tournage où la caméra tremble, suspendue à la montgolfière, au-dessus des toits et des gens), mon parcours est incertain et oscillant : il n’y a pas de direction privilégiée, seulement la découverte de nouvelles façons de voir. Je ne suis pas un petit insecte invisible qui espionne par les étages supérieurs, mais un grand ballon qui vole à basse altitude. Les gens d’ici me voient, ils connaissent mon chemin, et ils peuvent m’indiquer quels points de vue saisir.
Si vous souhaitez contacter Alice Pini dans le cadre de sa recherche : pinialice@virgilio.it
Crédit photo :
Frères Lumière, Panorama pris d’un ballon captif, vue n. 997, 1898 (captures d’écran)