En juin dernier, rendez-vous était pris pour les étudiant.es avec trois cinéastes contemporains, sur la base d’un point commun à tout le monde: la préparation d’un film. Devant ce (galvanisant) fait accompli, la cinquantaine de cinéastes en herbe se lança en ordre de dispersion afin de préparer les venues d’Hubert Charuel (réalisateur de Petit Paysan), de Thierry de Peretti (Les Apaches, Une vie violente) et de Stéphane Batut (directeur de castings et réalisateur de Vif-argent). Bourdonnant dans l’université autour d’une salle de répétition théâtrale, ces nuées décortiquaient ici des morceaux de films, collaient partout des affiches, préparaient là un mouvement de caméra, tandis que sur les planches se dressaient micros sur pieds et projecteurs, rivés à une doublure lumière, dans une atmosphère de tournage. En donnant lieu à une captation, la forme de l’événement rejoignait son sujet, la pratique du cinéma.
«Comment se fabrique une vraie rencontre?» Telle est la problématique de cet atelier, dont l’enjeu consiste à dépasser le cadre conventionnel des entretiens journalistiques, en évacuant les questions qui reposent sur l’interprétation des films, pour mieux investir leur fabrication, domaine favori des cinéastes. À partir des documents de travail inédits qu’ils nous avaient transmis, des groupes attitrés présentèrent leurs exposés, selon des angles permettant d’entrer dans l’étoffe des images, à leurs camarades déjà familiers de ces filmographies. D’autres répétèrent un extrait de leur propre scénario, pour en soumettre la mise en scène au regard professionnel de Thierry de Peretti, ou se prêtèrent au jeu du casting avec Stéphane Batut, à l’occasion d’ateliers d’après-rencontre. Autant de moyens pour créer un climat de proximité avec les cinéastes, propice aux moments précieux, ceux qui venaient briser la glace, quand surgissait tout droit de leur cœur de vibrantes préconisations, ou quand l’un d’eux se retrouva conseillé par les étudiant.es sur la qualité de la note d’intention de son prochain film. C’est ainsi la valeur de cet atelier que de nous offrir pareille horizontalité avec des cinéastes, et l’image d’un milieu du cinéma accessible et désirable.
