La minga

La minga

DURÉE DU PROJET

2019 - 2020


PORTEUR(S) DU PROJET

Clara Melniczuk (Doctorante, LHE, Paris 8), Julian Dupont (Artiste plastique), Anna Seiderer (Maître de conférences au département d’arts plastiques de l’Université Paris 8)


EN COLLABORATION AVEC
Université Autonome Indigène Interculturelle du Cauca, (UAAIN), Conseil Régional Indigène du Cauca (EL CRIC),  EA 7322 Littérature et histoires, esthétique (LHE), EA 4010 Arts des images et art contemporain (AIAC)

Ce projet est une conversation autour d’une sculpture Land Art à très grande échelle « La Minga Espiral », via un appel à rassemblement de la communauté indigène NASA du Cauca en Colombie. Cet appel à rassemblement, communément appelé ” La Minga ” signifie « un travail collectif en vue d’un objectif commun. » L’intention de ce projet de Land Art est de générer un module théorique qui mettra en relation la pensée indigène, la philosophie et l’anthropologie post-structurale.  Ce module théorique à orientation interdisciplinaire sera délivré dans L’Université Autonome Indigène Interculturelle du Cauca en Colombie.

« Danser avec le vent pour appeler la pluie. »

Une des cérémonies des médecins traditionnels (les chamans) de la communauté NASA avec laquelle nous travaillons est d’appeler la pluie en lui faisant honneur à travers tout un répertoire d’action collective. Dans la pensée Amérindienne, le chaman est celui qui opère un glissement à travers un champ d’indiscernabilité́ entre l’autre et le soi et qui pour ainsi dire, peut mieux se connaître en se désubjectivisant. Dans son essai « Métaphysiques Cannibales », l’anthropologue Eduardo Viveiros de Castro explique que, connaître dans la pensée Amérindienne c’est prendre le point de vue de ce qui doit être connu et non pas objectifier comme c’est le cas dans la pensée occidentale. Le chaman, en puisant dans un champ d’unité-multiplicité, libère la possibilité de parler avec la montagne, de devenir jaguar, de soigner l’autre par la pensée.

La pensée indigène opère donc à travers un système de pensée personnifiant, c’est-à-dire, un mode relationnel où la pluie et le vent sont des personnes et où « les jaguars et les hommes étaient toujours la même chose. »

Datant des temps précolombiens, dans le contexte Amérindien, les géoglyphes de Nazca au Pérou, les pyramides de Chichén Itza au Mexique et les Hypogées de Saint Andres de Pisimbala en Colombie, sont autant de structures symboliques de ce mode de pensée personnifiant et relationnel. En effet, ce sont des lieux où la conversation fondamentale est celle de la synchronisation entre le cosmos et l’architecture.

Né dans les années 60, le mouvement artistique du Land Art fait écho à ce mode relationnel car ses fondations se déploient à des dimensions géologiques où tous les éléments font partie du processus de signification. Dans le Land Art, ce n’est plus une conception du corps anthropocentrique mais bien du corps terrestre dont il s’agit. Les travaux d’artistes comme ceux de Michael Heizer, Nancy Holt, Agnes Degnes, Robert Smithson et Walter De Maria résonnent avec les travaux ancestraux de Nasca et Teotihuacan ; où le véritable objet d’art n’est pas l’image peinte d’un paysage mais le paysage lui-même sur lequel nous dessinons notre réalité, à partir d’une transformation de ce paysage. Comme l’expliquait l’artiste Allemand Joseph Beuys, la sculpture ne doit plus se concevoir comme matérialité de l’objet étudié mais comme matérialité associée à toutes formes de configuration symbolique. En effet, ce projet cherche à ouvrir un dialogue avec la configuration symbolique du territoire colombien et de cette manière, penser la sculpture comme véritable outil de transformation sociale. La pertinence de cette conversation dans le contexte contemporain, réside justement dans le fait qu’il n’existe pas de mot pour L’art dans le langage NASA YUWE. Ce qui permet à l’artiste d’entrer dans un espace potentiel de relation où l’art se pense sans l’art.

https://nomasmetaforas.com/



ÉQUIPE DU PROJET

Clara Melniczuk, Julian Dupont, Anna Seiderer

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